Mossoul : "tortures" de villageois suspectés de liens avec l'Etat islamique

Des témoins ont raconté avoir été frappés avec des barres de fer.
Des témoins ont raconté avoir été frappés avec des barres de fer. © BULENT KILIC / AFP
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avec AFP , modifié à
Certains ont raconté avoir reçu des décharges électriques lors de ces "attaques punitives".

Des miliciens irakiens ont "détenu illégalement, humilié publiquement et torturé" des habitants de villages au sud-est de Mossoul repris au groupe État islamique (EI) lors de l'offensive sur la ville, affirme jeudi Amnesty International.

Frappés avec des barres de fer. Des responsables locaux et des témoins ont raconté avoir été frappés avec des barres de fer et avoir reçu des décharges électriques dans "des attaques punitives" menées par des membres de la milice sunnite Sabawi, membre des combattants des Unités de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi), une coalition de milices à majorité chiite soutenues par l'Iran, selon Amnesty.

"Des preuves accablantes". Ces faits ont eu lieu à une cinquantaine de kilomètres au sud de Mossoul, dans trois villages de la rive sud-est du Tigre dont l'un a été repris par les forces irakiennes à l'EI le 20 octobre, précise Amnesty dans un communiqué. "Il y a des preuves accablantes que des membres de la milice Sabawi ont commis des crimes en vertu du droit international en torturant et en maltraitant des habitants de la région de Qati al Sabaween en représailles des crimes commis par l'EI", affirme Lynn Maalouf, directrice adjointe des enquêtes au bureau régional d'Amnesty International de Beyrouth.

Des actes de vengeance. Tout en appelant à l'organisation de "procès équitables" pour les djihadistes de l'EI soupçonnés d'avoir commis des crimes, elle a ajouté qu'"arrêter des villageois et les forcer à subir des humiliations publiques ou d'autres violations de leurs droits, y compris la torture, n'assure en aucun cas la justice, la vérité et la réparation pour les victimes des crimes de l'EI". Selon l'un des témoins cités par l'ONG, les miliciens impliqués "n'avaient pas de commandant. Chaque combattant avait sa propre vengeance à mener", notamment pour des proches tués par l'EI. 

Mi-octobre, Amnesty avait déjà dénoncé la torture, les exécutions et arrestations arbitraires de "milliers" de civils fuyant les zones tenues par le groupe Etat islamique par les forces de sécurité et les milices irakiennes. Le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi a appelé ses troupes à "tenir" Mossoul, bastion irakien des djihadistes visés par une vaste offensive des forces irakiennes lancée le 17 octobre.