Le prince héritier saoudien entame une visite de 3 jours en France. 3:20
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M.Be
Clarence Rodriguez, journaliste spécialiste de l’Arabie saoudite, explique sur Europe 1 la nécessité du prince héritier saoudien de réformer l'économie du royaume. 
INTERVIEW

C’est un prince aux "deux visages". Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, arrivé lundi en France pour une visite de trois jours, est à la fois l’homme réformateur du royaume wahhabite et un futur souverain controversé. "Il montre le visage d’un homme réformateur, il n’a pas le choix car depuis fin 2014, l’Arabie saoudite traverse une crise économique sans précédent. Donc il cherche des solutions pour diversifier l’économie" du pays, analyse dans Europe Soir lundi Clarence Rodriguez, journaliste spécialiste de l’Arabie saoudite.

Plaire à la jeunesse du pays. "La rente pétrolière ne suffit plus. Depuis la chute du prix du baril de pétrole, la population ne peut plus rester dépendante de l’Etat providence", poursuit Clarence Rodriguez. Ainsi, Mohammed ben Salmane (surnommé "MBS") tente de diversifier l’économie du royaume en passant par des réformes sociétales, comme permettre aux femmes de conduire. "MBS a tout compris : il essaie de plaire aux femmes et aux jeunes. Car cette jeunesse a besoin de sortir des carcans imposés par la gérontocratie. Et le prince hériter est jeune, il a 32 ans, donc il connait les besoins de cette jeunesse", avance l’ancienne correspondante à Riyad. "Mais attention à ne pas la décevoir car c’est une jeunesse plongée dans un chômage endémique", prévient-elle en outre.

Attirer les investisseurs étrangers. Mais ces réformes sociétales cachent un autre aspect : "Il montre cette facette pour séduire l'Occident", explique Clarence Rodriguez. MBS a entamé il y a un mois une tournée en Occident, après notamment trois semaines passées aux Etats-Unis : "C’est une opération séduction. Il essaie de séduire avant tout les investisseurs, pour qu’ils viennent investir dans le pays", détaille Clarence Rodriguez. "Mais cela passe ensuite par une main de fer : il prend des mesures autoritaires, avec tous ceux qui ne sont pas d’accord avec lui", nuance-t-elle aussitôt. En novembre dernier, une purge "anticorruption" sans précédent avait mené à l’arrestation de 200 personnes, des princes comme des hommes d’affaires.