Mladic : "j'ai défendu mon pays"

"Je suis un homme extrêmement malade", a assuré Ratko Mladic.
"Je suis un homme extrêmement malade", a assuré Ratko Mladic. © REUTERS
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avec Isabelle Ory, correpondante à La Haye, et agences , modifié à
Lors d'une audience, l'ex-chef de l'armée serbe de Bosnie a refusé de dire s'il plaidait coupable.

Ratko Mladic, qui était jeudi à l'hôpital du quartier pénitentiaire du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) de La Haye, a comparu vendredi matin pour la première fois devant ses juges pendant presque deux heures. Vêtu d'un costume gris, d'une chemise grise, arborant une cravate et portant une casquette sur la tête, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie est apparu visiblement amaigri et vieilli, "visage fermé", selon la correspondante d'Europe 1 à La Haye, Isabelle Ory.

L'ex-chef militaire a refusé de dire s'il plaidait ou non coupable pour les faits qui lui sont reprochés. Il peut peut désormais demander un délai de 30 jours avant que la question ne lui soit à nouveau posée. Une nouvelle audience aura lieu le 4 juillet prochain, selon la décision du tribunal.

"Je suis extrêmement malade"

"Je suis un homme extrêmement malade, j'ai besoin d'un peu plus de temps pour réfléchir à tout ce qu'elle vient de dire", a d'emblée affirmé l'accusé. "J'étais exposé à un stress très important, je n'ai que peu compris tout ce que cette jeune femme vient de nous lire", a-t-il poursuivi. "Dans l'infirmerie de l'unité de détention, on m'a apporté 3 classeurs mais je n'ai rien lu de tout cela, je n'ai rien signé non plus, j'étais dans un état si mauvais", a-t-il assuré.

Selon son avocat, Ratko Mladic, âgé de 69 ans, est très affaibli, physiquement et mentalement. Il aurait notamment perdu l'usage d'une main, conséquence d'une attaque cérébrale qui remonte à plusieurs années. La police serbe qui l'avait arrêté, jeudi dernier, dans une ferme située à une centaine de kilomètres de Belgrade après seize ans de cavale, avait déjà noté qu'il était très malade. Mais les médecins qui l'ont examiné aux Pays-Bas doutent désormais de la réalité de sa maladie.

"J'ai seulement défendu mon pays"

Ainsi, au fil de l'audience, le général Ratko Mladic a peu à peu repris le dessus, se redressant dans son box, lançant des déclarations de plus en plus arrogantes. Accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide pour le massacre de 8.000 musulmans en juillet 1995 à Srebrenica et les 43 mois de siège meurtrier de Sarajevo, où près de 12.000 personnes avaient péri, il a dit avoir "défendu son peuple et son pays". "Je n'ai pas tué des Croates en tant que Croates, j'ai seulement défendu mon pays", a-t-il insisté.

Une "stratégie Karadzic"

En différant sa décision de plaider ou non coupable, Ratko Mladic a adopté la stratégie que son alter-ego politique, Radovan Karadzic, avait choisie à l'ouverture de son procès, en octobre 2009. Les deux criminels de guerre présumés devraient d'ailleurs, selon leurs avocats, se rencontrer dans les jours à venir. Ils discuteront d'une éventuelle liaison de leurs deux procès, à leur demande ou à celle des procureurs du TPIY.

Le véritable procès, lui, ne devrait débuter qu'en 2012, le temps de "la phase préparatoire". Mis en place en 1993, le tribunal de La Haye pour l'ex-Yougoslavie doit être dissous en 2014 au plus tard. Il a engagé des poursuites contre 161 accusés, dont un seul est encore en fuite, Goran Hadzic, ancien chef politique des séparatistes serbes en Croatie.