Les réfugiés syriens affluent en Turquie

Il existe divers scénarios qui prévoient un chiffre pouvant aller jusqu'à 500.000 réfugiés.
Il existe divers scénarios qui prévoient un chiffre pouvant aller jusqu'à 500.000 réfugiés. © Reuters
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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Près de 15.000 personnes ont déjà traversé la frontière turque depuis le début du soulèvement.

Un millier de Syriens ont fui leur pays et se sont réfugiés ces 24 dernières heures en Turquie. Ces civils seraient déjà près de 15.000 au total à avoir quitté le pays pour le voisin turc depuis le début de l'insurrection, il y a un an. Pourquoi cet exode massif en Turquie ? Europe1.fr fait le point.

Pourquoi la Turquie ? Le territoire syrien a des frontières communes avec l'Irak, le Liban, la Jordanie, et la Turquie au nord. Ce phénomène d'afflux des réfugiés chez le voisin turc s'explique donc en partie par la présence des foyers de la contestation dans le nord du pays. Selon les autorités turques, l'offensive menée récemment par l'armée syrienne contre le bastion rebelle d'Idleb dans le nord-ouest explique la fuite de ces civils.

Pourquoi le nombre augmente ? Si l'afflux de réfugiés a déjà démarré depuis le début de l'insurrection, le nombre est en constante augmentation. Il "a augmenté d'un millier en une seule journée et a grimpé à 14.700", a indiqué Selçuk Ünal, le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères. Déjà mercredi, plus de 700 personnes étaient arrivés en Turquie, un nombre qui ne cesse de croître."Nous nous attendons à ce que d'autres (syriens) arrivent en Turquie par la province frontalière (turque) de Hatay. Il existe divers scénarios qui prévoient un chiffre pouvant aller jusqu'à 500.000" personnes, a déclaré le président du Croissant rouge turc, Ahmet Lütfi Akar, cité par l'agence de presse Anatolie.

Qui sont-ils ? Selon les autorités turques, la majorité serait des civils, principalement des femmes, des jeunes et des enfants qui veulent fuir le pilonnage des villes syriennes orchestré par le régime de Bachar al-Assad. Parmi la dernière vague d'arrivants se trouve aussi un général de l'armée syrienne qui a rejoint les rangs des déserteurs en Turquie regroupés sous le drapeau de l'Armée syrienne libre (ASL) qui disposent d'une base à Hatay dans le sud où se trouvent les camps de réfugiés, a précisé le diplomate. "Avec ce général qui est arrivé hier (mercredi), nous accueillons à présent sept généraux de notre côté de la frontière", a-t-il dit.

"Beaucoup de personnes ont perdu la vie"

Où se réfugient-ils ? En raison de cet afflux, la construction d'un nouveau camp d'une capacité de 20.000 places a été entamée dans la province de Sanliurfa dans le sud-est de la Turquie. Un autre camp de réfugiés, composé cette fois de conteneurs, est également en cours de construction depuis l'hiver à Kilis, sur la route menant à la grande ville syrienne de Halep (nord-ouest).

Comment a réagi le régime ? De son côté, le régime syrien est accusé par les autorités turques d'organiser la répression contre ces civils qui fuient le pays. Le vice premier ministre turc, Besir Atalay a dénoncé la mise en place des mines à sa frontière pour barrer le passage aux réfugiés. "L'administration syrienne pose des mines à la frontière (turque) pour que les réfugiés ne puissent pas passer, elle prend des mesures", a-t-il dit sur la chaîne d'information NTV. Il a également affirmé que l'armée syrienne "intervient militairement" du côté syrien contre les gens voulant traverser la frontière. "Il y a eu beaucoup de personnes qui ont perdu la vie", a-t-il ajouté. Selon le dernier bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme, plus de 9.000 personnes ont déjà été tuées en Syrie.

D'autres pays concernés ? Avec la répression sanglante qui persiste, d'autres pays se préparent à voir arriver des réfugiés. C'est le cas de l'Italie. Le Haut commissariat de l'ONU a mis en garde mercredi contre une possible arrivée en Italie de Syriens. Il demande à Rome de préparer un centre d'accueil sur l'île de Lampedusa. "Les Syriens sont en train de fuir. Plus d'un millier d'entre eux sont déjà arrivés en Libye", a déclaré Laura Boldrini, porte-parole du HCR en Italie.