Les Espagnols, ces "Tanguy" de la crise

Des manifestations étudiantes à Séville.
Des manifestations étudiantes à Séville. © Reuters
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Charles Carrasco , modifié à
Ils mettent près de 3 ans à trouver un travail et quittent le foyer à 29 ans, selon une étude.

En Espagne, il est de plus en plus difficile de s'émanciper. Avec un taux de chômage le plus haut d'Europe chez les jeunes (52,1%), nos voisins ibériques quittent le domicile familial à 29 ans de moyenne, selon la dernière étude élaborée par la Fondation contre la toxicomanie (FAD) et l'Oeuvre sociale, relayée par El Pais.Un record en Europe.

Seulement 45,6% des jeunes –dont la moitié de femmes- entre 18 et 34 ans ne vivent plus chez leurs parents. La raison ? Les Espagnols mettent, en moyenne, deux ans et huit mois pour décrocher un emploi à la fin de leurs études et devenir indépendants, contre seulement un an pour la France et la Suède. Pire encore, les jeunes Espagnols mettent près de cinq ans pour trouver un travail fixe.

>>> L'étude est à lire ici.

Aides publiques très faibles

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Outre la question de l'emploi, l'étude montre que le coût de la vie mais aussi le manque de subventions publiques retardent ces départs du "nid familial". En effet, les bourses d'aides à la formation et les prestations chômage ne constituent plus que 2% de leurs entrées d'argent, selon l'étude. Un niveau juste au dessus de la Grèce et de l'Irlande. A titre de comparaison, le Royaume-Uni atteint 11% d'aides publiques, et 5% pour la France.

>>> A lire : L'Espagne, "championne" des inégalités

Avec ce chômage et cette baisse du pouvoir d'achat conjugués à une "bulle" immobilière, l'accès à la propriété se complique. 78,9% des jeunes interrogés préféreraient pouvoir acheter un logement mais 16,7% ont d'ores et déjà opté pour la location, précise l'étude.

Des modèles familiaux

Bien sûr, la culture très "familiale" espagnole explique aussi ce départ tardif du foyer familial. "Il existe des éléments déterminants comme les caractéristiques culturelles et certains modèles familiaux qui contribuent, comme en Italie, à ce que nous soyons le pays qui tarde le plus à quitter le foyer", assure Eusebio Mejías, directeur technique de la FAD. Un foyer "refuge" et ses "commodités" qui rassurent des jeunes en perte de repères.  

Mais il ne faut pas perdre de vue que les revenus des jeunes des pays méditerranéens viennent en majorité de la famille. 35% des moins de 29 ans sont aujourd'hui totalement dépendants financièrement de leurs parents contre seulement 21,5% d'autonomes.