Crash EgyptAir : comment cherche-t-on des boîtes noires sous l'eau ?

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Une campagne de recherches sous-marines va débuter son travail dans les prochains jours sur la zone de l'accident de l'Airbus.

Les équipes ont un mois pour les retrouver. C’est une course contre la montre qui a commencé en Méditerranée pour tenter de retrouver les deux boîtes noires de l’Airbus de la compagnie EgyptAir qui s’est abîmé en mer dans la nuit de mercredi à jeudi dernier. Un travail ardu pour les équipes françaises, grecques, américaines ou encore turques qui participent aux opérations.

D'ici quelques jours, ce sont les recherches sous-marines qui commenceront. Un navire de la marine française est parti jeudi de Corse, avec à son bord des équipements d'exploration sous-marine pour la recherche des boîtes noires de l'Airbus d'EgyptAir qui s'est abîmé la semaine dernière en Méditerranée, a annoncé le Bureau d'Enquêtes et d'Analyses (BEA).

Un délai de 1 mois pour capter le signal
 
Les navires et bâtiments français et américains sur zone disposent d’un mois seulement pour localiser les boîtes noires. "Passé ce délai, elles cessent d’émettre", explique Bernard Chabbert, spécialiste aéronautique pour Europe 1. "Ces signaux sont générés par des systèmes électriques et les boîtes ont leur propre batterie indépendante qui n’a qu’une capacité de 30 jours, surtout sous l’eau".

Pour l’expert, les enquêteurs ne doivent donc pas perdre une minute pour installer les systèmes d’écoute. Ces derniers peuvent être des systèmes immergés, accrochés à un bateau et qui traînent au fond de l’eau ou à mi-hauteur. Il existe aussi des systèmes de radars à bord des bateaux. "C’est du matériel qui s’apparente de très près à du matériel militaire", précise le spécialiste.

La profondeur, une première difficulté

Selon les informations fournies par les enquêteurs, la zone dans laquelle l’appareil se serait abîmé est située à une très grande profondeur, plus de 2.000 mètres de fond. "C’est une difficulté supplémentaire pour trouver les boîtes noires", estime l’expert. "L’idéal aurait été de n’avoir que quelques centaines de mètres de profondeur". "Les débris qui ont été retrouvés, pour le moment, sont de toute petite taille, ce qui laisse penser que l’appareil a heurté l’eau à très grande vitesse. Il s’est littéralement émietté", détaille-t-il. "Les boîtes ont donc dû couler quasiment à la verticale pas loin de la zone sur laquelle se trouvent les débris".

Mais l’expert se dit confiant, rappelant qu’"on a été capable de retrouver les boîtes noires et l’épave du vol AF447 alors que nous ne connaissions pas exactement la zone de l’accident". "Si on est arrivé à localiser l’épave de l’avion à plus de 400 mètres de fond, cela montre que la France possède des moyens techniques extraordinaires", ajoute-t-il. 

"Une campagne de recherches sous-marines va débuter dans les prochains jours par l'arrivée sur la zone de l'accident du bâtiment hydrographique Laplace de la marine française", a déclaré, de son côté, le BEA jeudi soir dans un communiqué. Le Laplace a appareillé de Porto-Vecchio et transporte de l'outillage sous-marin conçu par la société française Alseamar, recrutée par les enquêteurs égyptiens pour poursuivre des recherches en eaux profondes au nord d'Alexandrie. 

Des boîtes noires en bon état ?

Si les équipes de recherche parviennent à retrouver les boîtes noires, rien ne dit qu’elles seront exploitables. Mais là encore, Bernard Chabbert se dit optimiste. "Je ne dirais pas qu’une boîte noire peut résister à la fin du monde, mais pas loin", avance l’expert. "C’est fait pour ce genre de situation. Elles sont faites en métal très solide et leur architecture – elles ressemblent à des valises – est faite spécialement pour ce genre de choc et peuvent résister à des températures très élevées".  

Pour le moment les experts se refusent à livrer le scénario de l’accident. Rien ne permet de tirer une quelconque conclusion sur les causes du crash. "Dans un avion qui tombe, il y a forcément une explosion à un moment ou un autre, qui réduit l'appareil en pièces, que ce soit en l'air - le résultat d'une explosion due à une avarie ou un acte criminel -, ou quand l'appareil touche la mer, après une chute de 11 km de haut comme pour l'EgyptAir", a commenté, à l’AFP, une source proche du dossier.