Le nouveau président autrichien se présentait sans étiquette, mais était soutenu par les écologistes. 3:10
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Pour l’eurodéputé français Robert Rochefort, le second tour de la présidentielle autrichienne est révélateur d'un système politique européen en crise.
INTERVIEW

Au terme d'un scrutin très serré, l'Autriche a élu un président écologiste, alors que son adversaire d'extrême droite était largement en tête au premier tour de la présidentielle. Un coude à coude qui s'explique par l'accumulation des crises, politique et migratoire, qui ont touché la pays depuis plusieurs semaines, d'après Robert Rochefort, eurodéputé français et vice-président du MoDem. "L'Autriche a concentré la crise des réfugiés, donc la crise de l'Europe, et la crise de son système politique. Un système politique usé, mais aussi avec un chancelier social-démocrate qui, d'un seul coup, ferme les frontières. Toutes les pertes de repères étaient là", a-t-il déclaré dans Europe Nuit lundi. 

Un vote populiste protestataire. Mais "il s'est passé ce qu'on pressent assez bien, c'est-à-dire un vote gratuit pour l'extrême droite au premier tour et au second tour les Autrichiens, heureusement, votent démocrate", commente Robert Rochefort. Le candidat du FPÖ, Norbert Hofer, cumulait en effet 13 points d'avance sur Alexander Van der Bellen au premier tour. Mais "les Autrichiens ne sont pas devenus écologistes", assure l'eurodéputé : "entre le vote protestataire et le fait de passer au pouvoir, il n'y a pas plus d'épaisseur qu'une feuille de papier à cigarette, compare-t-il. Je suis convaincu que ce plafond de verre peut céder un jour et l'extrême droite peut arriver au pouvoir."

La crise des partis traditionnels rejoint celle de l'Europe. "La crise de l'Europe et la crise des partis traditionnels, c'est la même chose : c'est la crise d'une incapacité politique et la crise des citoyens qu'ont de ne pas être entendus", assure Robert Rochefort. L'eurodéputé estime que l'Europe n'a pas construit d'identité européenne et semble en même temps détruire les identités nationales. "Tant que l'Europe n'aura pas fait une proposition dans laquelle les citoyens se retrouveront, les partis traditionnels auront du mal à se relégitimer eux aussi car ils n'ont plus prise totalement sur la réalité. On ne peut plus gérer les questions économiques et sociales pays par pays dans une société globalisée comme la nôtre", conclut-il.