Le pape François et "la tyrannie" des marchés

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avec Reuters

Le pape François plaide pour un renouveau de l'Eglise catholique et appelle les dirigeants des grandes puissances mondiales à lutter contre la pauvreté et les inégalités engendrées par le capitalisme financier, qu'il qualifie de "nouvelle tyrannie invisible". Le Vatican a publié mardi une exhortation apostolique de 84 pages dans laquelle le souverain pontife reprend des thèmes déjà abordés lors de sermons, d'homélies ou de déclarations prononcés depuis son accession au trône de saint Pierre en mars. Ce "verbum domini" intitulé Evangelii Gaudium (La Joie de l'Evangile) équivaut à une déclaration de politique générale, traçant les grandes orientations que le pape entend suivre pendant son pontificat.

Le chef de l'Eglise catholique, qui s'est souvent montré critique à l'égard d'un système économique "de l'exclusion", dénonce cette fois "la nouvelle idolâtrie de l'argent" et plaide pour un "retour de l'économie et de la finance à une éthique en faveur de l'être humain". Le pape souligne qu'il "a le devoir, au nom du Christ, de rappeler que les riches doivent aider les pauvres, les respecter, les promouvoir". "Il n'est pas possible que le fait qu'une personne âgée réduite à vivre dans la rue, meure de froid ne soit pas une nouvelle, tandis que la baisse de deux points en bourse en soit une", écrit-il dans un passage consacré aux "défis du monde actuel". Face à ces défis, le pape attend de toute l'Eglise catholique, y compris le Vatican, qu'elle se renouvelle, qu'elle sorte de son immobilisme hiérarchique et qu'elle entende "la nécessité d'une conversion pastorale". "Je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu'une Église malade de la fermeture et du confort de s'accrocher à ses propres sécurités", affirme le texte.

S'il souligne que la mission première de l'Eglise est de prêcher "la beauté de l'amour de Dieu qui s'est manifestée en Jésus Christ", le souverain pontife réitère son opposition sur deux sujets sensibles: la prêtrise des femmes et la reconnaissance de l'avortement. Il rappelle que la prêtrise est réservée aux hommes et que cette question "n'est pas ouverte à la discussion", tout en concédant que les femmes doivent avoir une influence accrue dans le gouvernement de l'Eglise.