Le foulard d’une députée fait débat en Belgique

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Mahinur Özdemir a prêté serment devant le parlement belge mardi revêtue d’un foulard qu’elle porte "de sa propre initiative".

Mahinur Özdemir, 26 ans, diplômée en sciences politiques, a prêté serment en début d'après-midi mardi en tant que députée du parlement régional de Bruxelles. Cette Belge d'origine turque est ainsi devenue la première députée, portant le voile de son pays. "Je le porte de ma propre initiative" a-t-elle précisé, soulignant qu’elle n’entendait pas l’enlever durant son mandat.

"Je suis contente que tout se soit bien passé. Je garde le sourire malgré la pression", a-t-elle déclaré après avoir prêté serment :

 

 

Très souriante pendant toute la séance, Mahinur Özdemir portait un ensemble beige classique, légèrement satiné, ainsi qu'un foulard à carreaux turquoise, blancs et or. En s'installant à la tribune à gauche de la présidente, place réservée à la benjamine de l'assemblée, elle avait fait un discret "V" de la victoire en direction du public, parmi lequel avaient pris place six femmes portant le voile.

Son foulard a relancé le débat en Belgique sur le voile islamique et déclenché les protestations de quelques élus du Mouvement Réformateur (MR), le parti libéral francophone belge proche de l'UMP, comme Denis Ducarme. Il a ainsi proposé que les "signes religieux ou philosophiques distinctifs" soient interdits dans les assemblées du royaume.

Une idée critiquée jusque dans son propre camp. Le président du Sénat, le libéral Armand De Decker, a ainsi estimé que "rien ne s'oppose" à ce qu'un "mandataire politique décide de porter un signe distinctif". La Belgique est en effet "un Etat neutre", et non laïc, explique le directeur du Centre pour l'Egalité des chances, Edouard Delruelle. "On y intègre les différentes convictions en présence. L'école publique est un bel exemple : on y dispense à la fois des cours de religion catholique, protestante, islamique, israélite et des cours de morale laïque", explique-t-il.

L'autorisation ou l'interdiction du port du voile par les élèves est donc laissée à l'appréciation des directeurs d'école. Qui sont de plus en plus nombreux à le bannir, à l'image de deux lycées anversois qui ont annoncé cette décision mardi. Dans l'administration, il est généralement admis que les fonctionnaires exerçant une mission relevant de la force publique - policiers ou magistrats - soient interdits de voile. Mais la question n'est pas tranchée pour les autres fonctionnaires.

La polémique autour de Mahinur Özdemir intervient au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy au cours duquel le chef de l’Etat a affirmé quela burqa n'était "pas la bienvenue" en France.