La mort d'une avocate devient un symbole du féminicide au Brésil

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Les violences commises par le mari de l'avocate ont été captées par des caméras de surveillance. © Capture d’écran YouTube/Tribuna do Paraná
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Une vidéo diffusée il y a quelque jours montrait un homme battre sa femme, puis celle-ci tomber de la fenêtre de leur appartement, du quatrième étage. Depuis, des manifestations se tiennent pour dénoncer les féminicides au Brésil.

Elle s'appelait Tatiana Spitzner, elle avait 29 ans, et elle est en train de devenir un symbole. La révélation de la mort de cette avocate, qui aurait été poussée du quatrième étage d'un bâtiment par son mari, a entraîné des manifestations à Curitiba (sud du Brésil) et attiré l'attention sur l'augmentation du nombre des violences faites aux femmes dans le pays. 

Vidéo violente. Tout est parti de la diffusion, à la télévision il y a quelques jours, d'une vidéo prise par les caméras de surveillance de l'immeuble. Les images d'une grande violence montrent l'homme, actuellement détenu, en train de battre sa femme à plusieurs reprises et ont suscité l'indignation. On le voit porter des coups, poursuivre Tatiana Spitzner dans un parking, puis la forcer à prendre l'ascenseur qui mène à leur appartement, dans la ville de Guarapuava, non loin de Curitiba. Une autre caméra montre la jeune femme tomber par la fenêtre, avant que son mari ne récupère le cadavre pour le remonter dans l'appartement via l'ascenseur, la chemise couverte de sang. Des militants se sont donc emparés de la vidéo pour dénoncer le problème plus large des violences domestiques et des féminicides au Brésil.   

Un nombre de viols en augmentation. Diffusé cette semaine, le rapport annuel de l'association du Forum brésilien pour la sécurité publique révèle que le nombre des meurtres de femmes a augmenté de 6% en 2017. Le rapport fait état de 1.133 femmes ciblées en raison de leur sexe ainsi que de 60.018 viols en 2017, soit 8% de plus qu'en 2016.  Des centaines de Brésiliens ont répondu samedi à l'appel d'une association d'avocats et défilé vêtus de blanc dans les rues de la capitale de l'Etat de Parana, avant un lâcher de ballons blancs à la mémoire de l'avocate morte.

Les féminicides "infestent le pays". Le père de Tatiane Spitzner, présent pendant les manifestations, a déploré sur la chaîne de télévision G1 que les crimes liés au genre "infestent le pays". Le site internet de G1 avait révélé vendredi des déclarations du suspect dans lesquelles il dit penser que sa femme a sauté de son plein gré. G1 cite le rapport des experts psychologues qui stipule que l'homme "ne se souvient pas de ce qu'il s'est passé". Selon ses avocats, il n'est pas coupable.