L’ultime procès pour Yvan Colonna

Le troisième procès d'Yvan Colonna dans l'affaire Erignac va débuter lundi devant les assises de Paris.
Le troisième procès d'Yvan Colonna dans l'affaire Erignac va débuter lundi devant les assises de Paris. © MAXPPP
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avec Reuters , modifié à
L’affaire Erignac va connaître son épilogue alors que le berger de Cargèse clame son innocence.

Ce sera son troisième procès dans cette affaire. Yvan Colonna, âgé de 51 ans, sera jugé à partir de lundi aux assises de Paris pour l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac en février 1998, le plus grave crime politique commis en quarante ans de violence sur l'île. Le procès doit durer de un mois et demi à deux mois et verra déposer 109 témoins et experts.
En prison depuis 2003, après son arrestation dans le maquis corse, Yvan Colonna avait été condamné à perpétuité lors des deux premiers procès en 2007 et 2009.

L'annonce de l'arrestation d'Yvan Colonna en 2003 :

 

Un cas de figure rarissime

L’an dernier, la Cour de cassation a annulé pour un vice de procédure sa condamnation en appel de 2009, imposant ce troisième procès, cas de figure rarissime dans les annales judiciaires.

Le berger de Cargèse va être traduit devant une cour antiterroriste, composée de magistrats professionnels. Il est soutenu par les partis nationalistes et autonomistes corses.

Un troisième procès pour Yvan Colonna :

Colonna poursuit le chef de l’Etat

Lors de son second procès, Yvan Colonna avait accusé Nicolas Sarkozy d'avoir organisé sa condamnation pour s'attribuer un succès politique et il poursuit, dans une autre procédure, le chef de l'Etat pour violation de la présomption d'innocence.

Yvan Colonna, protestant notamment contre le refus de la cour d'ordonner une reconstitution du crime à Ajaccio, avait en 2009 déserté l'audience.

Une enquête difficile

L'enquête, marquée par des nombreuses fausses pistes a finalement permis d’identifier un groupe de nationalistes dissidents, issus pour la plupart de Cargèse, qui entendaient "refonder" par le meurtre du préfet la cause indépendantiste née en 1972.

Ce groupe confondu par une expertise sur des communications téléphoniques passées sur portable a été démantelé en mai 1999 avec une vague d'arrestations à laquelle a toutefois échappé Yvan Colonna, déjà soupçonné, qui a pu s'enfuir.

Six condamnés au cœur du dossier

Six hommes, dont cinq qui reconnaissent les faits, ont été condamnés en 2003 à des peines allant de 15 ans à la perpétuité. Quatre d'entre eux ont désigné leur ami Yvan Colonna en 1999 comme l'auteur des coups de feu, avant de se rétracter 17 mois plus tard, affirmant alors qu'il était innocent. Ils ont maintenu cette position lors deux premiers procès du berger, en des termes toutefois ambigus.

Un des hommes arrêtés en 1999, Pierre Alessandri, condamné à perpétuité en 2003, affirme depuis 2004 qu'il est le véritable auteur des coups de feu.

Yvan Colonna nie toute responsabilité

L'accusation repose sur divers indices matériels indirects et surtout sur les accusations initiales des membres du commando de tueurs ainsi que sur les déclarations de leurs épouses et compagnes, mettant aussi en cause Yvan Colonna.

Yvan Colonna se dit quant à lui totalement étranger au crime et sa défense a plaidé à la fois la thèse d'une manipulation policière, selon laquelle le nom d'Yvan Colonna a été "suggéré" à ses amis par les policiers, celle d'une machination politique et celle d'une erreur d'enquête.