L'Italie en récession, un coup dur pour Matteo Renzi

Matteo Renzi est le président du Conseil italien.
Matteo Renzi est le président du Conseil italien. © Reuters
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Louis Hausalter , modifié à
RECHUTE - Le président du Conseil italien, sous le feu des projecteurs en Europe, peine à sortir son pays de la morosité.

Mal dans sa Botte. C'est un sérieux revers pour Matteo Renzi. Pour la troisième fois depuis 2007, l'Italie a replongé dans la récession. Son PIB a reculé de 0,2% au deuxième trimestre 2014, après une baisse de 0,1% au premier. Pour le populaire président du Conseil italien âgé de 39 ans, dont les débuts ont été très remarqués en Europe, le choc est rude. Même s'il est en réalité difficile de lui attribuer personnellement cette rechute, l'homme étant aux affaires seulement depuis février dernier.

Certes, les analystes ne s'attendaient pas à des miracles. Mais ces résultats plus mauvais que prévus compliquent l'équation de Matteo Renzi, qui espérait une sortie de crise afin de rétablir le plus rapidement possible la situation des finances publiques. La dette italienne culmine à plus de 2.000 milliards d'euros, dépassant 135% du PIB, et le déficit public menace de franchir le seuil fatidique des 3%. Confronté à un taux de chômage de 12,3%, le président du Conseil se retrouve au pied du mur, d'autant qu'il est particulièrement scruté par les pays voisins.

Matteo Renzi,

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Plombé par le commerce extérieur. "Matteo Renzi n'est au pouvoir que depuis cinq mois, on ne pouvait pas en attendre des miracles", souligne le journaliste et écrivain italien Alberto Toscano, contacté par Europe1.fr. Pour lui, Renzi peut d'autant moins être tenu responsable que ces mauvaises performances sont en grande partie liées à la mauvaise conjoncture internationale. "La baisse du PIB s'explique notamment par les grandes difficultés des exportations italiennes", explique-t-il.

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Mais depuis son arrivée aux manettes, qu'a fait Matteo Renzi pour tenter de relancer la machine italienne ? Réforme territoriale, nouvelle loi électorale, modification des attributions du Sénat : ses principales réformes sont restées institutionnelles. Sur le strict plan économique, sa seule mesure phare a consisté à baisser la fiscalité des travailleurs à faibles revenus, leur permettant d'accroître ceux-ci de 80 euros par mois. Insuffisant pour relancer la consommation des ménages.

Des réformes à moyen terme. "Renzi pense que pour agir sur l'économie, le plus efficace est de réformer les institutions", analyse Alberto Toscano. Le président du Conseil italien préfère donc s'attaquer au structurel, plutôt que de prendre des mesures d'urgence. "La réforme administrative est aussi une réforme économique", poursuit le journaliste. "Elle comprend une baisse des salaires de la fonction publique et une révision des dépenses publiques. Mais ces mesures ne peuvent pas produire d'effet concret d'un mois à l'autre, c'est du moyen terme".

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Et en attendant les résultats, Renzi devra serrer les dents. La Commission européenne et l'Allemagne surveillent d'un œil sévère les déficits italiens. "Il danse sur une corde raide. Il est probable qu'il devra demander aux institutions européennes et à Angela Merkel une certaine compréhension", pronostique Alberto Toscano.

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Matteo Renzi a admis mercredi, dans une lettre aux députés de sa majorité, que les chiffres de la croissance étaient "négatifs". "L'Italie a tout ce qu'il faut pour sortir de la crise. Mais elle doit changer", a-t-il martelé. Alberto Toscano estime cependant que cette annonce d'une nouvelle récession n'entamera pas la crédibilité du Premier ministre, du moins pour l'instant. "A mon avis, il est au pouvoir depuis trop peu de temps pour être jugé sur ses actes", argumente-t-il. "Mais sa lune de miel avec l'opinion publique italienne et européenne ne va pas durer très longtemps. Il n'a que quelques mois pour obtenir des résultats, pas plus". Premier avertissement.