L'Allemagne tourne la page du nucléaire

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avec agences , modifié à
La coalition au pouvoir a voté lundi la fermeture de toutes les centrales nucléaires d’ici 2022.

L’Allemagne fermera toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022. C’est ce qu’à décidé lundi la coalition gouvernementale au pouvoir outre-Rhin, un peu plus de deux mois après la catastrophe de Fukushima, survenue en mars au Japon.

Cette décision marque un revirement complet de la part du gouvernement d'Angela Merkel, qui avait décidé à la fin de l'année dernière de prolonger la durée de vie des plus anciennes centrales du pays. A l’époque, ce choix lui avait valu l'hostilité d'une grande partie de la population à l'énergie nucléaire.

D’abord les plus anciens réacteurs

Lors d'une réunion dimanche soir entre l'Union chrétienne démocrate (CDU) de la chancelière, son alliée bavaroise de la CSU et les libéraux du FDP, la coalition a décidé la fermeture définitive des huit plus vieux réacteurs d’Allemagne, sur les 17 que compte le pays.

Sept de ces réacteurs avaient déjà été provisoirement mis à l'arrêt après l'accident nucléaire au Japon le 11 mars, dû à un séisme et à un tsunami. Le huitième était arrêté depuis plus longtemps.

Six autres réacteurs vont cesser de fonctionner d'ici 2021, a annoncé le ministre de l'Environnement, Norbert Röttgen, à l'issue de ces discussions à la chancellerie entre dirigeants conservateurs et libéraux.

Les trois derniers réacteurs, les plus récents, resteront en état de marche une année de plus au maximum, soit jusqu'en 2022, afin d'éviter toute pénurie d'électricité durant la période de transition, a-t-il ajouté. "C'est définitif : la date limite pour les trois derniers réacteurs nucléaires a été fixée à 2022", a dit Norbert Röttgen. "Il n'y aura pas de clause de réexamen."

Validation par le parlement

Certains responsables souhaitaient inclure une clause permettant de réexaminer la question à l'avenir. Le FDP était défavorable à la définition d'une date fixe.

La coalition gouvernementale a décidé de maintenir l'un des huit plus vieux réacteurs en état de veille jusqu'en 2013, au cas où les énergies renouvelables ne permettraient pas d'ici là de répondre à la demande en hiver et que les combustibles fossiles ne permettraient pas de combler cet éventuel déficit.

La décision prise dimanche soir doit encore être validée par le parlement. Elle risque d'être vivement contestée par les compagnies RWE, E.ON, Vattenfall et EnBW , qui exploitent les 17 centrales d’Allemagne, notamment en raison du maintien envisagé d'une taxe sur le combustible nucléaire.

Cette taxe, qui devait rapporter 2,3 milliards d'euros par an dès cette année, n'a pas encore été prélevée. Avec l'arrêt immédiat de huit centrales, elle devrait rapporter moins que prévu. De source politique, on déclare que le gouvernement pourrait renoncer à cette taxe si les quatre exploitants acceptent cette sortie prématurée du nucléaire et renoncent à toute poursuite contre l'Etat en raison de ce revirement inattendu.

Avant la fermeture provisoire des centrales les plus anciennes en mars, le nucléaire fournissait à l’Allemagne 23% de son électricité. Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté contre le nucléaire ce week-end à travers le pays.

Pourquoi cette décision ?

Angela Merkel a pris cette décision d'abord pour des questions de sécurité, après la catastrophe de Fukushima. Et il y a également une raison politique : les Verts étant au plus haut dans les sondages. La chancelière se pose ainsi comme une actrice de l'arrêt du nucléaire, et ouvre au passage une possible coalition avec les écologistes.

Il s'agit pour l'Allemagne de se tourner vers des énergies alternatives. Le pays entend miser sur le renouvelable, notamment sur l'énergie éolienne produite en pleine mer ainsi que sur les économies d'énergie. Toutefois, à court terme, le pays va rester une nation exportatrice en électricité.