Kidal, zone de non-droit

Kidal se trouve en plein coeur de la région des Ifoghas, fief des Touaregs du MNLA.
Kidal se trouve en plein coeur de la région des Ifoghas, fief des Touaregs du MNLA. © CC
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avec AFP , modifié à
Malgré la présence de soldats étrangers, la ville où ont été enlevés les journalistes français de RFI n’est pas sûre.

L’INFO. "Kidal est la seule région (du Mali) pour le moment où la souveraineté de l'Etat n'est pas effective", a reconnu dimanche le ministre malien de la Défense, Soumeilou Boubèye Maïga, sur la chaîne de télévision française France 24. L’aveu arrive au lendemain de l’enlèvement et de l’assassinat de deux journalistes français de RFI dans la ville Touareg.

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Moins de 500 soldats. Le contingent qui protège la ville de Kidal est un assemblage hétéroclite de soldats français, maliens et de la force de l’ONU au Mali, la Minusma. En tout, ce sont un peu moins de 500 soldats qui sont majoritairement basés à l’aéroport en dehors de la ville. Des patrouilles sont déployées régulièrement à l’intérieur de la ville.

Selon Soumeilou Boubèye Maïga, "nos forces qui y sont déployées n'ont pas une marge d'action qui leur permette d'être en permanence présentes sur les différents axes, le contingent de la Minusma qui est là-bas est plus ou moins cantonné, et Serval ne dispose pas des effectifs pour sécuriser la ville."

Régulièrement visée. Les forces maliennes et étrangères sont nettement plus présentes dans les deux autres grandes villes du nord du Mali, Gao et Tombouctou. Cela n'a pas empêché des groupes djihadistes de commettre récemment plusieurs attentats et attaques meurtrières.

Kidal, également visée par une attaque islamiste meurtrière contre des soldats tchadiens de la Minusma il y a dix jours, est régulièrement sillonnée par des pick-up chargés d'hommes armés et enturbannés, dont des membres de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), mais aussi d'autres groupes armés. C'est justement l'un des leaders de ce groupe rebelle que les journalistes de RFI étaient interviewer samedi.

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AQMI très présent. Le ministre malien de la Défense admet que "la situation de Kidal est telle que toutes les infiltrations sont possibles". Il faut rappeler qu'en 2012, des islamistes armés radicaux de groupes liés à Al-Qaïda avaient occupé la ville et tout le nord du Mali.

Depuis l'intervention française au Mali, AQMI n'occupe plus la ville. Ils ont en effet été chassés, mais les frontières algériennes et nigériennes sont proches. Le groupe islamiste dispose donc encore de relais, notamment des groupes armés capables d'organiser des enlèvements d'Occidentaux, comme celui qui a enlevé et tué les journalistes français.

Le MNLA moins influent. Selon André Bourgeot, anthropologue français spécialiste des sociétés touareg, "plus personne ne contrôle Kidal, c'est l'anarchie". "Autrefois on pouvait dire que le MNLA contrôlait Kidal, ce n'est plus le cas", ajoute-t-il.

Depuis le retour du MNLA, la ville a été le théâtre de nombreuses violences, d'enlèvements, d'attaques islamistes, de vives tensions entre les communautés noires et celles à la peau claires, Touareg et Arabe essentiellement.

Le MNLA avait repris le contrôle de Kidal, berceau des Tourareg, plus spécifiquement de la tribu des Ifoghas, à la faveur de l'arrivée des soldats français dans la ville. Cet évènement avait valu à Paris des accusations de "passivité", voire de "complicité" avec les rebelles de la part d'hommes politiques maliens.