Garissa 1:43
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Charlotte Simonart avec C.C. , modifié à
TÉMOIGNAGE EUROPE 1 - Cible d'une attaque de grande ampleur en avril 2015, l'université kényane de Garissa rend hommage samedi à ses 148 morts.
TÉMOIGNAGE

Il y a un an, un commando islamiste shebab s'en prenait à l'université kényane de Garissa. Au moins 148 personnes, essentiellement des étudiants, avaient été tuées et quatre assaillants abattus par les forces de police kényanes. Un hommage sera rendu aux victimes samedi. Pour cette occasion, notre reporter a rencontré quelques uns des 600 survivants encore traumatisés. 

"Pourquoi moi ?" Wambui n'a que dix-neuf ans et a déjà connu l'horreur. Les mains tremblantes, cette survivante raconte. "A ce moment là, on ne savait pas ce qui allait nous arriver. Nous étions tous terrorisés. Pourquoi ai-je survécu alors que mes amis ont perdu la vie ?", s'interroge-t-elle encore. A ses cotés, Majiku, un grand garçon de 23 ans aux yeux rougis par l'émotion, confie être resté plus de dix heures sous son lit le matin de l'attaque. Il attendait les secours. Beaucoup de ses camarades n'ont pas survécu. "J'ai perdu presque tous mes amis, j'ai même perdu ma petite-amie", confie-t-il au micro d'Europe 1.

La culpabilité. Éprouvé par la perte de sa petite amie, Majiku a "en un sens l'impression de l'avoir tuée". "Elle m'avait demandé de venir avec moi dans ma chambre, mais je lui ai dit qu'on avait un contrôle le lendemain. Elle a reçu trois balles dans le corps", précise l'étudiant aujourd'hui dépressif. Après l'attaque, "j'ai commencé à boire, j'ai été violent, je me droguais. Je ne voulais pas oublier, je voulais mourir", confie-t-il. Pour la jeunesse traumatisée de Nairobi, le futur est encore bien abstrait. 

Un an après, les survivants de Garissa ont choisi de faire de cette première commémoration une fête, comme un hymne à la vie.