Deux djihadistes français ont commis un attentat suicide en Irak

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Gabril Vedrenne avec Stéphane Place et AFP , modifié à
TERRORISME - Le groupe Etat islamique affirme que les deux hommes auraient chacun mené un attentat-suicide sur le sol irakien.

Deux Français ont mené des attentats suicide contre des casernes de milices sunnites et chiites près de la ville d'Haditha, dans l'ouest de l'Irak, a affirmé vendredi le centre de surveillance des sites jihadistes SITE, en citant une section du groupe Etat islamique (EI). La province Fourat, une division de l'EI dans l'ouest de l'Irak, a fait cette annonce sur des forums jihadistes et sur Twitter, selon SITE.

Deux attentats aux camions piégés. "Deux chevaliers de l'Etat islamique ont lancé deux camions bourrés de tonnes d'explosifs contre des rassemblements et des repaires" de milices sunnites et chiites près de Haditha, affirme l'EI. "Le frère Abou Maryam al-Firansi a visé un quartier général" et "Abou Abdoul Aziz al-Firansi (...) a suivi avec un deuxième camion visant des casernes d'apostats", selon le message cité par SITE qui publie la photo des deux hommes. Le groupe, qui ne précise pas quand les attentats ont été menés, affirme que "des dizaines d'ennemis ont été tués et blessés dans les deux attaques".

Des kamikazes français déjà connus. Le groupe Etat islamique assure que ces deux attentats ont été perpétrés par Abou Maryam al-Faranci et Abou Abdoul Aziz al-Faranci, "al-Faranci" signifiant le Français en arabe. L'un d'eux n'est pas un inconnu : Kevin Chassin, originaire de Toulouse et renommé Abu Maryam al-Faranci, était apparu dans une vidéo de propagande montrant plusieurs djihadistes français brûlant leur passeport et appelant leurs sympathisants français à les rejoindre.

"Il se croyait dans un jeu video". Brice Chassin, son demi-frère, a appris la nouvelle par un proche du djihadiste et a accepté de témoigner au micro d'Europe 1. "Il m'a dit 'toutes mes condoléances, dis moi ce que je peux faire pour toi'. Il m'a expliqué que c'était préparé depuis des mois et que c'était un camion avec deux tonnes d'explosifs qu'ils ont fait entrer dans une base de l'Unesco en Irak", a-t-il confié, avant d'ajouter que son demi-frère "était le conducteur du camion".

"Depuis qu'il est parti en Syrie, cela fait deux ans, je lui parlais presque tous les jours. C'était photos, vidéos, on parlait de tout et de rien. Des fois, il avait des accès de délire et il se croyait dans un jeu vidéo. Il me disait 'c'est la guerre, des fois je me cache derrière un mur et les balles passent au ras de ma tête'. Il en rigolait. Au début, il a essayé de m'endoctriner en me disant 'viens ici, je vis la rêve', sauf que moi j'ai été moins faible que lui. Pendant deux ans, j'ai essayé de lui ouvrir les yeux en lui disant que ce qu'il faisait, c'était n'importe quoi. Je ne réalise pas. Pour l'instant je suis juste énervé qu'il m'ait menti et qu'il soit mort dans un attentat", a déclaré Brice Chassin.

Plus de Français morts en Syrie et en Irak. Le 3 mai, une source proche des services antiterroristes français avait fait état à l'AFP de plus de 100 morts parmi les islamistes partis de France pour mener le jihad en Syrie et en Irak. Selon cette source, plus de 800 personnes sont allées en Syrie et en Irak, dont quelque 450 y sont encore et environ 260 ont quitté la zone. En ajoutant ceux qui ont émis le souhait de se rendre sur place ou ceux qui sont en route, 1.600 personnes environ sont impliquées en France dans les filières jihadistes. Le retour de ces combattants est considéré par les autorités françaises comme le principal facteur de risques d'attentats sur le sol national.