Irak : Blair n'a "aucun regret"

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
L’ex-Premier ministre était auditionné vendredi par la commission d’enquête sur l'invasion de 2003.

L’audition était très attendue. Mais Tony Blair n’a jamais baissé la garde. L’ancien Premier ministre britannique était interrogé vendredi par la commission d’enquête britannique sur l'invasion de l'Irak en 2003. "Il n'était pas question de prendre le moindre risque. Tout cela devait s'arrêter", a martelé d'emblée l'ancien Premier ministre, en évoquant longuement "le monde de l'après 11-Septembre" 2001. Surtout, Tony Blair a affirmé qu'il n'avait "aucun regret" d'avoir participé au renversement de Saddam Hussein

"C'était un monstre, Je pense qu'il menaçait non seulement la région, mais le monde entier". "Je pense sincèrement que le monde est plus sûr" sans lui, a-t-il conclu, déclenchant pour la première fois des huées et des cris --"meurtrier", "menteur"-- dans la salle impersonnelle où avaient notamment pris place des parents des 179 soldats britanniques tués en Irak.

Armes de destruction massive

Après l'attentat d'Al-Qaïda contre le World Trade Center, "on nous a dit que ces fanatiques religieux utiliseraient des armes chimiques ou biologiques ou nucléaires s'ils pouvaient en obtenir (...) quitte à tuer 30.000 personnes s'ils l'avaient pu". "Cela a complètement changé notre évaluation des risques" posés par des pays comme l'Irak, l'Iran, la Libye, a affirmé Tony Blair en réponse à la question initiale de la Commission: "Pourquoi avons-nous envahi l'Irak ? ".

"Je croyais sans le moindre doute que l'Irak disposait d'armes de destruction massive", (ADM) sur la foi d'informations des services de renseignements, a-t-il dit. Et "le monstre" Saddam avait gazé son propre peuple et provoqué plus d'un million de victimes, a-t-il fait valoir.

"Criminel de guerre"

Tony Blair a réfuté la principale critique qui lui était adressée. Il ne s’est pas engagé secrètement à entrer en guerre avec ou sans mandat de l'ONU, en cas d'échec de la diplomatie, lors d'un tête-à-tête avec le président George Bush en son ranch texan au printemps 2002, soit un an avant le conflit. J'ai promis au Président Bush "qu'on devait s'occuper de Saddam Hussein (...) mais les méthodes étaient ouvertes", a-t-il assuré.

Ceux qui espéraient des révélations à l'occasion de ce fascinant exercice en "archéologie politique", selon l'expression de la BBC, auront été déçus. De même ceux qui attendaient des excuses de la part du dirigeant, arrivé très tôt par une porte dérobée. "J'aimerais qu'il me regarde dans les yeux et qu'il me dise 'je suis désolé'. Mais il n'en a pas les tripes", a laissé tomber Theresea Evans, dont le fils Llywelyn a été tué au premier jour du conflit. A l'extérieur, quelques centaines de pacifistes contenus par plusieurs cordons de policiers ont conspué toute la journée Blair "le criminel de guerre".