Le Hamas appelle à une "nouvelle Intifada" : à quoi faut-il s'attendre ?

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1.100 Palestiniens, une trentaine de soldats israéliens et une quarantaine de colons sont morts lors de la première intifada. © ESAIAS BAITEL / AFP
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En 1987 et 2000, deux intifadas ont éclaté dans les territoires palestiniens occupés. Après la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, le Hamas a appelé à un nouveau soulèvement. 

Le mouvement islamiste Hamas a appelé jeudi à une nouvelle intifada après la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. Si cet appel est suivi par les Palestiniens, il viendrait s'ajouter aux deux intifadas qui ont jalonné le conflit israélo-palestinien en 1987 et en 2000. Retour sur ce soulèvement palestinien et son histoire.

Qu'est-ce qu'une intifada ?

Le mot intifada est d'origine arabe et signifie "soulèvement". Il est régulièrement utilisé lorsque des conflits civils qui naissent dans des pays du Maghreb ou du Moyen-Orient. Ainsi, en 2010-2011, une intifada a eu lieu pendant la révolution tunisienne pour chasser du pouvoir le dirigeant Ben-Ali. Mais c'est dans le cadre du conflit israélo-palestinien que le terme a été popularisé et repris en masse par les médias. 

La première intifada, la "guerre des pierres"

C'est en 1987 que le premier soulèvement palestinien a commencé. Il est considéré comme le plus important, car il ne s'est achevé qu'en 1993. Les éléments déclencheurs se déroulent en quelques jours : le 6 décembre, un Israélien est poignardé; deux jours plus tard, quatre Palestiniens sont tués dans un accident de la route. Mais ces événements ne sont que des gouttes qui font déborder le vase. Le contexte est en effet très tendu au sein de la population palestinienne qui ne supporte plus l'occupation israélienne. Depuis la guerre des Six-Jours, Israël a en effet réunifié Jérusalem, qu'elle considère comme sa capitale "indivisible", et a envahi Gaza ainsi que la Cisjordanie. Dans la foulée, l'Etat hébreu se lance dans la construction de colonies dans ces territoires occupés. 

Cette première intifada se caractérise par des rassemblements de Palestiniens, souvent autour de mosquées, qui dégénèrent en émeutes. La première éclate le 9 décembre au camp de Jabaliya dans la bande de Gaza avant que le mouvement ne s'étende à d'autres villes puis à toute la Cisjordanie. La réponse d'Israël est purement sécuritaire entre répression policière, répliques militaires, emprisonnement de masse et confiscation des cartes d'identité. Mais les soldats de Tsahal ne sont pas entraînés à affronter des civils armés de simples pierres et de cocktails molotov. Des bavures font régulièrement la Une des médias internationaux, ce qui dessert l'Etat hébreu. 

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Mais la première intifada s'est aussi caractérisé par un mouvement de désobéissance civile, avec notamment le boycott de produits israéliens ou encore des marches silencieuses. C'est aussi lors de ce premier soulèvement que le Hamas voit le jour dans la bande de Gaza. Cette première intifada se termine officiellement en 1993 quand les accords de paix d'Oslo sont signés. Le bilan des morts, lui, est lourd : 1.100 Palestiniens, une trentaine de soldats israéliens et une quarantaine de colons, rapporte l'Encyclopédie Larousse

La deuxième intifada, la plus meurtrière

Le 28 septembre 2000 éclate la deuxième intifada à Jérusalem. La cause ? La répression sanglante de manifestations palestiniennes sur l'esplanade des mosquées. A l'origine, le Premier ministre israélien Ariel Sharon avait fait une visite sur le site, une incursion considérée comme une provocation par les Palestiniens, dans un contexte où le processus de paix est au point mort. Cette esplanade est en effet un objet de débat, à la fois lieu saint pour les juifs et pour les musulmans.

 

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En 20 jours, la répression fait plus de 90 morts parmi les Palestiniens. Un nouveau cycle de violences se met alors en place : il gagne tous les territoires occupés avec de nombreuses émeutes mais aussi des attentats qui touchent Israël en son cœur. Cinq ans après, Ariel Sharon et le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas se retrouvent en Egypte et s'entendent pour mettre fin aux violences. Le bilan humain est très lourd : 5.670 morts, dont les trois-quarts de Palestiniens, selon l'AFP. 

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