Les premiers rescapés français du terrible tremblement de terre qui a dévasté Haïti mercredi sont de retour en France. Cinquante-quatre survivants ont atterri à l'aéroport d'Orly vendredi matin, où ils ont été accueillis par le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Selon le Quai d’Orsay, 45 Français et 7 Haïtiens figuraient parmi ce groupe comportant des personnes de diverses nationalités, transportées par un appareil d'Air France venu de Pointe-à-Pitre.
A leur descente d'avion, ils se sont vu remettre des plaids pour se protéger du froid avant d'être conduits au Pavillon d'honneur de l'aéroport (Orly Ouest) où des parents et proches les attendaient.
Quelques heures plus tard, un second avion, parti de Fort-de-France, a atterri avec cette 91 rescapés à son bord. Au total, ce sont donc 145 personnes qui ont débarqué à l'aéroport francilien. Pour des raisons d'agenda, Bernard Kouchner n'a pas pu cette fois accueillir les nouveaux arrivants.
"Il y a une rotation quasi permanente (...) entre Port au Prince et la Martinique. Et tous les Français et d'autres nationalités qui voudront rentrer seront rapatriés au plus vite comme on le fait maintenant", a déclaré le ministre des Affaires étrangères. "Il n'y a aucune sélection. Il y a des gens qui veulent rester (....) C'est eux qui décident. Nous, nous sommes prêts à les accueillir. Il y a autour de 1.300 Français. Ils ne voudront pas tous rentrer", a-t-il assuré.
Les premiers rapatriés d'Haïti ont exprimé le sentiment d'être des miraculés. Les traits tirés, portant un enfant dans leurs bras ou tirant une valise, certains encore en tongs et en short, les rescapés ont été pris en charge dans le pavillon de réception par des équipes de la Croix-Rouge.
"On n'a pas fermé les yeux. On a fermé les yeux hier dans l'avion et c'est tout", a raconté Jérôme Wilfried, les yeux mouillés de larmes. "Je dis merci à Dieu parce que moi je suis encore vivant mais je pleure pour ceux qui sont encore là-bas parce que c'est vraiment dur", a-t-il ajouté simplement. "Je rends gloire à Dieu. Je vais retrouver ma femme et mes enfants", a déclaré de son côté Jean Axera, qui "habite Orly". "Là-bas, tout est par terre : le palais présidentiel, le palais de justice, ... On peut compter les bâtiments debout mais pas les bâtiments qui sont par terre", a-t-il dit.
"Les gens sont écrasés, même si c'est quelqu'un de notre famille on ne le sait pas parce qu'ils sont défigurés", souffle Michèle Marie partie à Haïti en vacances. Elle n'a aucune nouvelle de ses parents. "Je dormais avec les cadavres, je marchais dans le sang", témoigne-t-elle. Une jeune mère, son bébé serré contre elle, lâche avec quelques sanglots dans la voix : "on est en famille, c'est le principal. Maintenant il faut retrouver tous les Français, c'est important".