Gaza : ils jouaient à cache-cache sur la plage

Deux des enfants palestiniens tués sur une plage de Gaza mercredi.
Deux des enfants palestiniens tués sur une plage de Gaza mercredi. © Reuters
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RÉCIT - Mercredi, quatre enfants palestiniens sont morts sous les yeux de journalistes du monde entier.

Le monde a assisté quasiment en direct, mercredi, à la mort de quatre Palestiniens. Des enfants tués alors qu'ils jouaient sur une plage sous les yeux de journalistes du monde entier.

Les images et les témoignages des reporters qui ont assisté à la scène depuis leur hôtel donnent un visage à quatre des plus de 200 Palestiniens morts depuis le déclenchement de l'offensive israélienne, le 8 juillet dernier, contre la bande de Gaza.

Europe1.fr a reconstitué le fil des événements de "Gaza beach" :

Mercredi, aux alentours de 16 heures, près du petit port de la ville de Gaza, un groupe d'enfants palestiniens jouent à cache-cache près d'une cahute de pêcheurs. Quelques minutes auparavant, ce même petit groupe jouait au foot avec un journaliste de la chaîne américaine NBC News. De nombreux journalistes internationaux, venus couvrir les événements à Gaza, logent en effet dans l'hôtel Al-Deira tout proche.

Depuis leur terrasse, ces journalistes - parmi lesquels un reporter du Guardian, un photographe du New York Times et encore un journaliste du Wall Street Journal - sont aux premières loges lorsqu'un premier raid de Tsahal frappe la cahute de pêcheurs sur le port. Les tirs viennent, semble-t-il, d'un navire israélien proche de la côte.

L'un des enfants est tué sur le coup, les autres s'enfuient sur la plage, effrayés par l'explosion. "Même en étant à 200 mètres, il était évident que trois d'entre eux étaient des enfants", relève Peter Beaumont du Guardian.

Mais un second raid frappe la plage, "apparemment ajusté pour viser les survivants qui s'enfuient", selon le reporter du quotidien britannique. "Ce sont des enfants !", crient alors les journalistes.

Une équipe de TF1 a partiellement filmé la scène :

En moins d'une minute, quatre enfants sont morts. Ils sont tous de la même famille, des cousins, quatre garçons entre neuf et onze ans. On apprendra leurs noms quelques heures plus tard : Ahed Bakr (10 ans), Zakaria Bakr (10 ans), Mohammed Bakr (11ans) et Ismail Bakr (9 ans).

Trois enfants du groupe ont survécu mais ils sont blessés l'un à la poitrine, l'autre à la tête et aux bras et le dernier à l'estomac. Les journalistes présents leur portent les premiers secours.

Une ambulance arrive et transportent les enfants blessés à l'hôpital de Shifa où les familles ne tardent pas à arriver. Il y a des cris, des pleurs, c'est un chaos indescriptible.

Les funérailles des quatre cousins ont lieu dans les heures qui suivent.

L'armée israélienne a indiqué enquêter "consciencieusement" sur l'incident "tragique" tout en notant que selon les résultats préliminaires, les cibles de la frappe étaient le Hamas. Le journaliste du Wall Street Journal relève, lui, que personne ne sait pourquoi l'endroit a été bombardé et qu'aucune attaque du Hamas n'est partie de là.

Quelques heures après les deux explosions, l'envoyé spécial d'Europe1 à Gaza, Sébastien Krebs, a rencontré Rassan qui tient une paillote à coté de la plage. "C'est criminel de faire ça, c'étaient juste des enfants, bombarder des enfants ! Ils jouaient juste autour du port, ils ne lançaient pas de roquettes. Pourquoi ils ont fait ça ? Ca aurait pu être mon fils ! On est tous des cibles", a confié cet homme au micro d'Europe1.

Depuis le début de l'escalade de la violence au Proche Orient, un Palestinien sur cinq tué à Gaza est un enfant, selon Save the Children. L'ONG estime, par ailleurs, à 25.000 le nombre d'enfants palestiniens qui auraient besoin d'un soutien psychologique.