Le pape François béatifie Paul VI, le père de Vatican II

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Noémi Marois avec AFP , modifié à
INTERNATIONAL - Le pape François a béatifié un de ses prédécesseurs, Paul VI, fondateur de l'Eglise moderne.

Le pape François a essuyé un échec hier mais ne s'avoue pas vaincu. Alors que le synode sur la famille conclu hier n'a pas trouvé d'accord sur les divorcés et les homosexuels, il a béatifié ce matin un de ses prédécesseurs, Paul VI. François a rendu hommage à celui qui a fait souffler sur l'Eglise un vent de modernité avec le concile Vatican II. Devant une place Saint-Pierre baignée de soleil et noire de monde, François a invité tous les participants au synode, qui concélébraient la messe, à "vaincre la peur devant les surprises de Dieu". "Dieu nous conduit par des chemins imprévus", a-t-il martelé, alors que les débats sur les nouvelles évolution de société ont été vifs au synode.

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"Paul VI, un courageux chrétien". En présence de l'ancien pape émérite Benoît XVI qu'il a salué chaleureusement, François a prononcé en latin la formule consacrée, demandant que "le vénérable serviteur de Dieu Paul VI soit fait bienheureux". Il a annoncé que sa fête aura lieu le 26 septembre. Une tapisserie montrant Paul VI souriant et ouvrant les bras était déployée sur la basilique.

"À ce grand pape, ce courageux chrétien, cet apôtre infatigable, nous ne pouvons dire aujourd'hui devant Dieu qu'une parole aussi simple que sincère et importante: merci !". Interrompu par les applaudissements de la foule, il a poursuivi: "merci cher et bien-aimé pape Paul VI! Merci pour ton témoignage humble et prophétique !".

Un miracle sur une malformation. Début 2014, la Congrégation vaticane pour la cause des saints a reconnu un premier miracle pour permettre la béatification. Il s'agit de la guérison d'un enfant américain en 2001 victime d'une malformation dans le ventre maternel. Les médecins proposaient que la mère avorte mais elle avait refusé, priant Paul VI. L'enfant a maintenant treize ans et est en bonne santé.

Si un autre miracle est reconnu, une canonisation peut être envisagée. 

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Les fondements de l'Église moderne. Paul VI, pape de 1963 à 1978, a achevé Vatican II, commencé par son prédécesseur Jean XXIII, canonisé en avril. Réunissant 2.400 évêques de 136 pays, ce concile qui s'est achevé en 1965, a produit 16 textes officiels qui ont révolutionné l'Eglise : simplification du culte, reconnaissance d'"éléments de vérité" chez les autres Églises chrétiennes, rénovation des relations avec le judaïsme (étendue depuis à l'islam), reconnaissance de la liberté religieuse. Paul VI a également institué le "synode", organe de collégialité. Pour résumer, c'est sous son pontificat que l'Église telle que nous la connaissons aujourd'hui est née. Cependant, Paul VI a aussi été critiqué pour son "non" à l'utilisation de la pilule.

François cite souvent Paul VI, pape à l'allure frêle qui a été comme lui promoteur d'un dialogue sincère avec le monde "comme il est". Le pape actuel, qui avait entre 26 et 41 ans pendant le règne de Paul VI, a été formaté par ce pontificat.

Mais Paul VI divise encore. La Fraternité sacerdotale Saint Pie X, groupe intégriste qui s'était séparé de Rome par rejet de Vatican II, estime que Paul VI a "introduit dans l'Eglise un libéralisme doctrinal qui s'exprime par des erreurs comme la liberté religieuse, la collégialité et l’œcuménisme".

À l'opposé, le mouvement contestataire "Nous sommes l'Eglise", a critiqué son encyclique Humanae Vitae qui se prononce contre la contraception: "la papauté et l'enseignement de l'Eglise sur la sexualité ont perdu jusqu'à aujourd'hui leur crédibilité".

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