Etats-Unis : Trump gracie l'ancien shérif controversé Arpaio

Condamné pour avoir violé l'injonction d'un juge lui interdisant ses patrouilles discriminatoires, le shérif controversé Joe Arpaio a été gracié par Donald Trump.
Condamné pour avoir violé l'injonction d'un juge lui interdisant ses patrouilles discriminatoires, le shérif controversé Joe Arpaio a été gracié par Donald Trump. © MANDEL NGAN, Paul J. RICHARDS / AFP
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avec AFP
Condamné pour avoir violé l'injonction d'un juge lui interdisant ses patrouilles discriminatoires, le shérif controversé Joe Arpaio a été gracié par Donald Trump vendredi soir. 

Le président américain Donald Trump a gracié vendredi soir l'ancien shérif controversé Joe Arpaio, 85 ans, qui avait été condamné pour avoir fait preuve d'un zèle excessif à traquer les immigrés clandestins. "Aujourd'hui, le président Donald J. Trump a accordé la grâce présidentielle à Joe Arpaio, ancien shérif du comté de Maricopa dans l'Arizona", indique un communiqué de la Maison Blanche. "Le shérif Joe Arpaio a maintenant 85 ans, et après plus de 50 ans d'admirable service pour notre pays, il mérite un pardon présidentiel", poursuit le communiqué. Pour enfoncer le clou, le président a tweeté tard vendredi. "Il a protégé l'Arizona!", écrit Trump, qui qualifie aussi l'ancien shérif de "patriote".

Le shérif remercie Trump. Joe Arpaio a lui aussi fait appel au réseau social favori du président pour le remercier. "Je suis honoré et incroyablement reconnaissant au Président Trump. J'ai hâte de mettre ce chapitre derrière moi et d'aider à #MAGA (Make America Great Again) ". "Merci à Trump d'avoir compris ce qu'était vraiment ma condamnation: une chasse aux sorcières par des fidèles de l'administration Obama au ministère de la Justice!", a accusé l'ancien shérif dans un second tweet. Le shérif avait été condamné fin juillet pour avoir violé l'injonction d'un juge fédéral lui interdisant ses patrouilles discriminatoires. Ce partisan affirmé de Donald Trump, qui s'est auto-baptisé "le shérif le plus dur d'Amérique", s'est forgé une réputation très controversée, certains voyant du zèle dans ses mesures ouvertement basées sur un ciblage discriminatoire et revendiqué des étrangers hispaniques.

Mardi, lors d'un rassemblement de ses partisans à Phoenix en Arizona, le président républicain avait renoncé à faire cette annonce qui était alors attendue, pour éviter de faire dégénérer des manifestations tendues. Le président avait demandé à ses supporteurs si Arpaio avait été condamné pour "avoir fait son travail?" et le public avait applaudi. Donald Trump avait toutefois laissé entendre que ce n'était que partie remise: "Je ne vais pas le faire ce soir parce que je ne veux pas créer de controverse", mais "le shérif peut être tranquille", avait-il promis.

Des réactions virulentes. Les réactions au pardon présidentiel, en plein ouragan potentiellement dévastateur pour le Texas, n'ont pas tardé: le député démocrate Raul Grijalva, d'Arizona, a déclaré que "Joe Arpaio ne mérite pas de pardon. Toute sa vie il s'est conduit comme s'il était au-dessus des lois. Maintenant Trump lui montre qu'il avait raison". Un autre parlementaire démocrate, Joaquin Castro, du Texas, a été plus loin, qualifiant M. Arpaio de "sectaire qui a ciblé la communauté hispanique pendant des années. Il aurait dû purger sa peine". La grande association de défense des libertés ACLU a estimé pour sa part vendredi que "le président a choisi l'illégalité plutôt que la loi, la division plutôt que l'unité et la douleur plutôt que la guérison". Le commentateur républicain, mais très anti-Trump, Bill Kristol, y voit une manoeuvre du président pour habituer les gens à l'exercice de la grâce présidentielle afin de s'en servir si des proches sont condamnés dans l'affaire des soupçons d'ingérence russe dans l'élection de 2016.