États-Unis : la réforme du système de santé à nouveau torpillée par des Républicains

Capitol, Sénat américain, crédit : MANDEL NGAN / AFP - 1280
Les sénateurs réunis au capitol n'ont pas validé le nouveau texte de la réforme de l'Obamacare © MANDEL NGAN / AFP
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avec AFP , modifié à
La dernière mouture du texte, qui ne satisfait ni Républicains ni Démocrates, n'a pas atteint les 50 voix nécessaires pour être adoptée puisque quatre Républicains ont déclaré leur opposition.

Le projet républicain de réforme du système de santé américain a été de facto coulé lundi par des sénateurs de la majorité opposés au plan dans sa forme actuelle, marquant un nouvel échec pour le président Donald Trump.

Déjà repoussé deux fois avant un échec. L'examen de cette réforme, promise depuis sept ans par les Républicains et par Donald Trump durant sa campagne électorale, avait déjà été repoussé deux fois, en juin puis cette semaine en raison de l'absence du sénateur John McCain, au repos chez lui après une intervention chirurgicale.

Lundi soir, deux sénateurs ont donné le coup de grâce en annonçant qu'ils voteraient contre la énième mouture élaborée par les chefs de la majorité, qui ont tenté en vain de concilier ses factions conservatrices et modérées. Au total, quatre des 52 sénateurs républicains ont déclaré leur opposition, alors qu'au minimum 50 voix étaient requises.

Une abrogation partielle de l'Obamacare. Les Républicains avaient pourtant réduit leurs ambitions. Ils avaient abandonné tout projet d'abroger totalement l'"Obamacare", la loi sur la couverture-maladie emblématique de la présidence de Barack Obama, qui a permis de réduire à un niveau historiquement bas le nombre d'Américains vivant sans assurance santé.

Leur projet visait en pratique à abroger certains éléments de la loi de 2010, comme l'obligation individuelle de s'assurer, tout en conservant d'autres aspects populaires, notamment des aides individuelles, certes réduites, aux ménages les plus modestes.

Un "Obamacare light". Ce grand écart, in fine, n'a satisfait personne. Les conservateurs dénonçaient un "Obamacare light", tandis que les Républicains modérés, inquiets de l'impact potentiel de la loi dans leurs États, refusaient de couper l'herbe sous le pied de leurs populations les plus vulnérables. "Outre le fait qu'elle n'abroge pas la totalité des impôts d'Obamacare, (la proposition de loi) ne va pas assez loin pour baisser les prix des assurances pour la classe moyenne", a déclaré Mike Lee, ultra-conservateur de l'Utah, se joignant ainsi au conservateur libertaire Rand Paul et à la modérée Susan Collins.

"Le coeur de cette loi est impossible à mettre en oeuvre". La loi devait être l'un des premiers grands textes du début du mandat de Donald Trump, mais les accidents de parcours se sont multipliés. Après un retard au démarrage, il y eut une première fronde à la Chambre des représentants, avant celle du Sénat. "Ce second échec de Trumpcare est la preuve que le coeur de cette loi est impossible à mettre en oeuvre", a déclaré Chuck Schumer, chef de file des sénateurs démocrates. "Au lieu de reprendre le même processus partisan, les Républicains doivent repartir à zéro et s'entendre avec les Démocrates".

L'opinion américaine, de son côté, a changé sur la loi démocrate depuis 2010 : selon un sondage du Washington Post, la moitié des Américains préfèrent l'Obamacare au projet républicain, qui n'a les faveurs que de 24% des personnes interrogées.