Enquête Khashoggi : pour Le Drian, "le compte n'y est pas"

"Il faut que ce crime soit puni, que ses auteurs soient identifiés, que la vérité soit faite", a affirmé mercredi Jean-Yves Le Drian.
"Il faut que ce crime soit puni, que ses auteurs soient identifiés, que la vérité soit faite", a affirmé mercredi Jean-Yves Le Drian. © Yuri KADOBNOV / AFP
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avec AFP , modifié à
"Aujourd'hui, même si les autorités saoudiennes ont reconnu qu'il y avait un meurtre, le compte n'y est pas", a estimé mercredi Jean-Yves Le Drian. 

"Le compte n'y est pas" dans l'enquête sur le meurtre à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, a estimé mercredi matin le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Interrogé sur la radio RTL, le chef de la diplomatie française a déclaré : "Il faut que ce crime soit puni, que ses auteurs soient identifiés, que la vérité soit faite. Et aujourd'hui, même si les autorités saoudiennes ont reconnu qu'il y avait un meurtre, le compte n'y est pas. La vérité n'est pas au rendez-vous". 

"Nous prendrons les sanctions nécessaires à l'égard des coupables". "Il faut que les enquêtes se poursuivent", a-t-il ajouté. "Nous serons très exigeants sur cette nécessité. Tant que les responsabilités et les circonstances de ce meurtre ne seront pas affichées, annoncées, évaluées, nous serons exigeants pour avoir la vérité. Aujourd'hui, elle n'est pas au rendez-vous". "En fonction des résultats (des deux enquêtes en cours, une saoudienne et une turque, ndlr) qui seront annoncés, nous prendrons les sanctions nécessaires à l'égard des coupables", a-t-il assuré. "Nous ne nous interdisons rien sur ces sanctions (...) en collaboration avec nos partenaires européens". 

"Le président Macron a appelé le roi". L'enquête "progresse sous la pression de la Turquie mais aussi de la communauté internationale", a encore dit Jean-Yves Le Drian. "Ça progresse aussi par l'exigence de vérité, et parce que le président Macron a appelé le roi (d'Arabie saoudite) pour lui demander la totale vérité sur le sujet. Nous souhaitons que toutes les pièces soient portées au dossier".

Le président français a affirmé samedi que toute éventuelle sanction contre Riyad devrait être prise "au niveau européen" et "ne saurait se limiter à tel ou tel secteur", indiquant par là que Paris n'entendais pas cesser de vendre des armes à l'Arabie saoudite, au contraire de l'Allemagne.

 

La Turquie doute de la volonté de Ryad de "coopérer sincèrement" 

La Turquie a émis mercredi des doutes sur la volonté de l'Arabie saoudite de "coopérer sincèrement" dans l'enquête sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat de son pays à Istanbul. Un haut responsable turc parlant sous couvert d'anonymat a affirmé que les officiels saoudiens se montraient "surtout soucieux d'obtenir les preuves que nous avons contre les auteurs du meurtre".

"Nous n'avons pas eu l'impression qu'ils ont hâte de coopérer sincèrement dans l'enquête", a-t-il ajouté. Ces déclarations interviennent alors même que le procureur général saoudien se trouve en Turquie depuis dimanche dans le cadre de cette enquête.