Elizabeth II, bientôt 90 ans, 64 ans de règne, mais "elle ne gouverne pas"

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A.D
Elle est présente jusque sur la vaisselle des Anglais. Gérard Errera, ancien ambassadeur de France à Londres, retrace la monarchie fascinante de Queen Elizabeth.
INTERVIEW

En pleines turbulences sur l'avenir européen de la Grande-Bretagne et alors que le Premier ministre David Cameron est éclaboussé par le scandale des Panama papers, la reine Elizabeth II va fêter jeudi prochain ses 90 ans. Gérard Errera, ancien ambassadeur de France à Londres et ancien secrétaire général du Quai d'Orsay, était invité, dimanche, dans l'émission C'est arrivé demain. Il revient sur cette figure emblématique qui a d'ores et déjà régné 64 ans.

Edouard VIII abdique. 64 ans, et pourtant, Elizabeth II s'empare du trône par accident. Elle arrive au pouvoir à la suite de l'abdication de son oncle, Edouard VIII, qui souhaite épouser Wallis Simpson. Mais l'Américaine est divorcée. Question protocole, ça ne passe pas. Edouard VIII choisit le mariage plutôt que le trône et c'est donc Elizabeth, "personne frêle et modeste" selon l'ancien ambassadeur, qui devient reine en 1952. "Elle a réussi le prodige d’accroître le prestige de l'institution la plus anachronique qui soit." Du prestige, mais aussi un lien particulier avec ses sujets. Elle est dans le quotidien des Anglais, voire sur leurs mugs de café (enfin de thé, plutôt).

"Elle règne mais ne gouverne pas." Mais qu'est-ce donc concrètement qu'être reine d'Angleterre au XXIe siècle ? "Elle règne mais ne gouverne pas. La réalité du pouvoir est ailleurs, au gouvernement. Elle ne vote pas." La reine ne votera donc pas pour ou contre le Brexit (le référendum aura lieu le 23 juin et la campagne commence dans le Royaume). Son rôle est "d'assurer la continuité, la stabilité, l'identité du royaume de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord. Elle est aussi la reine d'une quinzaine de pays et la chef du Commonwealth" (une communauté de nations indépendantes mais unies par le lien avec la couronne britannique). La souveraine a une autorité morale et religieuse en tant que chef de l'Eglise anglicane. Toutefois son silence sur le plan politique ne veut pas dire qu'elle n'agit pas. Exemple : elle a joué un rôle dans la fin de l'Apartheid en Afrique du Sud. Elle invite Mandela à sa table alors qu'il n'était pas encore président."

Un entretien par semaine avec le Premier ministre. La reine est très informée au niveau national, comme international. "Tous les matins, elle reçoit dans une très jolie boîte rouge des notes et dépêches diplomatiques. Et surtout, elle a toutes les semaines un entretien sans témoin avec le Premier ministre, depuis Churchill."