Nicola Sturgeon, le pire cauchemar de Londres

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Nicola Sturgeon, leader du SNP, fait campagne à Glasgow le 21 avril 2015. © AFP/ANDY BUCHANAN
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PORTRAIT - Le Parti nationaliste écossais SNP a emporté 56 sièges sur 59 sièges en Écosse, jeudi, lors des élections législatives britanniques, selon les résultats définitifs.

Le Parti nationaliste écossais SNP a raflé 56 des 59 sièges en jeu en Écosse lors des élections législatives britanniques du jeudi 7 mai, multipliant par plus de neuf le nombre de ses députés par rapport à 2010, selon les résultats définitifs. "C'est un tournant historique", s'est quant à elle enthousiasmée Nicola Sturgeon, chef de file du SNP et chef du gouvernement régional écossais, dans un discours après la proclamation des résultats.

 

>>> Nous vous proposons de redécouvrir le portrait que nous avions publié à la veille de l'élection.

Sturgeon, ex-punk sortie de Borgen. Pour la BBC, Nicola Sturgeon suit un destin à la Birgitte Nyborg, l'héroïne de Borgen. La dirigeante écossaise, qui apprécie beaucoup la série danoise, a été propulsée sur le devant de la scène après "l'échec" du référendum. En novembre 2014, une petite majorité d'Ecossais ont voté contre l'indépendance de l'Ecosse. Le dirigeant du SNP a alors démissionné, laissant la place à sa numéro 2.

A l'âge de 45 ans, Nicola Sturgeon a donc remplacé Alex Salmond au poste de Premier ministre d'Ecosse. Une consécration pour sa longue carrière politique. Une autre femme politique britannique connue lui a donné, à sa manière, l'impulsion pour s'engager en politique. L'ère Margaret Thatcher "m'a donné la conviction profonde que l'Ecosse ne devrait pas être gouvernée par un gouvernement conservateur que nous n'avions pas élu", a confié l'Ecossaise à la BBC. A 16 ans seulement, en plein mandat de la Dame de fer, Nicola Sturgeon avec s'engage au SNP avec son look punk, une paire de Dr. Martens aux pieds. 

Nicola Sturgeon lors de la visite d'une école maternelle à Livingston le 5 mai 2015

© AFP/BUCHANAN

A l'ancienne. Sa stratégie semble payante. Depuis qu'elle dirige les indépendantistes, en six mois, un Écossais sur 50 a adhéré à son parti, qui profite de l'effet "référendum". Nicola Sturgeon est une femme proche du peuple. Le journal écossais Herald Scotland l'avait rencontrée chez elle à la veille de son sacre. On y devinait une femme politique calme et déterminée. "Me tenir devant un public, sentir l'énergie, c'est tout. Je pourrais rester sur scène et faire ça pendant des heures", racontait-elle alors. Comme le note un journaliste du Spectator, Nicola Sturgeon fait campagne comme aucun de ses adversaires, à coups de selfies et de mains serrées. Elle est sur le terrain, parle à ses électeurs, les interpelle sur les réseaux sociaux. Une méthode abandonnée par les deux partis traditionnels qui perdent toujours plus de terrain dans les sondages.

Cela a suffit à faire d'elle "la femme la plus dangereuse du monde", selon Piers Morgan, un journaliste britannique. Dans une chronique traduite dans le Courrier international, il dit d'elle : "Cette petite femme à l'esprit vif a saccagé la campagne électorale au Royaume-Uni comme un mini-Godzilla, crachant le feu et le soufre d'une manière si passionnée que même William Wallace – héros guerrier écossais immortalisé par Mel Gibson dans le film Braveheart, mort en luttant pour l'indépendance de son pays à la fin du XIIIe siècle – aurait eu du mal à l'imiter". Rien moins que ça.

Opposante ou alliée. Celle qui brille lors des débats télévisés n'est pourtant pas assurée d'une place au gouvernement. Les conservateurs ne s'associeront pas avec le parti indépendantiste, plutôt progressiste, et pour l'heure, les travaillistes tournent également le dos aux Ecossais. Nicola Sturgeon a appelé Ed Miliband, le leader du Labour, à une coalition avec elle, note The Times, dans un article repris par le Courrier international. "Je veux aider Ed pour qu'il remplace les conservateurs par quelque chose de mieux", a-t-elle dit lors d'un débat. Mais Miliband l'a juré : "Je ne mettrai jamais en péril l'unité du pays".

Car Nicola Sturgeon n'oublie pas son combat originel : "Je pense que l'Ecosse deviendra un jour indépendante. Mais s'il doit y avoir un nouveau référendum, il doit y avoir d'abord un changement profond de circonstances", a-t-elle déclarée le 19 avril 2015. Un bouleversement qui pourrait arriver avec 59 députés SNP à la Chambre des communes.