Egypte : la rumeur ElBaradei

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avec Sébastien Krebs envoyé spécial en Egypte et S.A. , modifié à
Il est pressenti pour diriger un gouvernement de transition. Mais le camp islamiste reste mobilisé.

L'INFO. Trois jours après le coup militaire qui a renversé Mohamed Morsi, Mohamed ElBaradei est pressenti pour prendre le poste de Premier ministre du gouvernement intérimaire, selon plusieurs sources. Samedi soir, le mouvement Tamarrod, à l'origine de l'importante mobilisation qui a conduit à l'éviction du président islamiste par l'armée, a, dans un premier temps, annoncé que le Mohamed ElBaradei avait déjà été nommé, ce qu'a démenti la présidence égyptienne peu après. "Le président intérimaire Adly Mansour a rencontré aujourd'hui M. ElBaradei mais il n'y a pas eu jusqu'ici de nomination officielle", a déclaré à la presse un conseiller de M. Mansour, ajoutant toutefois que Mohamed ElBaradei était le "choix le plus logique".

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Qui est-il ? Agé de 71 ans, Mohamed ElBaradei, a reçu le prix Nobel de la paix en 2005 pour son travail au sein de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Il était revenu en Egypte en 2010 pour s'opposer au régime de Hosni Moubarak. Il avait ensuite activement soutenu le soulèvement contre Moubarak en janvier-février 2011, puis s'était positionné comme une des figures de proue de la mouvance laïque et libérale, qui réclame aujourd'hui le départ de Mohamed Morsi et l'organisation d'une présidentielle anticipée.

Un choix prévisible. Le nom de Mohamed ElBaradei circule avec insistance au Caire depuis que l'armée a renversé le président islamiste Mohamed Morsi. La feuille de route, élaborée par l'armée après l'éviction de Mohamed Morsi, en coordination avec l'opposition et les principaux dignitaires religieux, prévoit un gouvernement intérimaire "doté de pleins pouvoirs", avant la tenue d'élections générales à une date non précisée. Le probable nouveau Premier ministre aura comme priorités de relever une économie en lambeaux et de rétablir la paix civile et la sécurité.  

Une nomination accueillie inégalement. Devant le palais présidentiel au Caire, des dizaines de personnes en liesse ont afflué à l'annonce de la nouvelle par la télévision d'Etat, brandissant des drapeaux égyptiens sur fond de chants patriotiques. Mais le parti salafiste égyptien Al Nour, qui avait pourtant apporté son soutien à la feuille de route proposée par l'armée pour conduire la transition politique en Egypte, a annoncé samedi qu'il s'opposait à la nomination de Mohamed ElBaradei comme Premier ministre intérimaire.

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Climat tendu. Dans la nuit de vendredi à samedi, les affrontements  entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi ont fait au moins 35 morts et un millier de blessés. L'armée est intervenue au Caire, à Alexandrie et dans d'autres villes pour tenter de limiter les heurts. Dans le centre du Caire, des groupes rivaux se sont affrontés durant une grande partie de la nuit. Il a fallu plusieurs heures à l'armée pour rétablir le calme sur les ponts qui enjambent le Nil près du Musée égyptien. Samedi, la journée a été, a contrario, relativement calme. L'Egypte s'attend dimanche à une nouvelle journée de manifestations, à l'appel des pro et des anti-Morsi.