Ecclestone, un gros chèque pour éviter le procès

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avec AFP , modifié à
PETITS ARRANGEMENTS - Le patron de la Formule 1, Bernie Ecclestone, a déboursé 100 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites contre lui.

Pourquoi passer par un long et fastidieux procès quand on peut payer un gros chèque et acheter sa tranquillité ? Tel est le pari qu'a fait le puissant patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone, qui risquait un procès pour avoir versé des pots-de-vin. Il était impliqué dans une affaire de revente des droits de la F1, détenus par une banque bavaroise, à un fonds d'investissement dont il est proche. La justice allemande a finalement qu'il n'y aurait pas de procès, les juges ayant accepté de mettre fin à toutes les poursuites contre le versement de 100 millions de dollars.

Trop vieux pour une longue procédure. Le parquet de Munich avait annoncé officiellement mardi matin qu'il soutenait cet accord. Le représentant du parquet avait justifié son accord en invoquant notamment "l'âge avancé du prévenu" et "la longue durée de la procédure". Ancien pilote automobile, Ecclestone avait racheté en 1971 l'écurie Brabham, qui a ensuite conquis deux titres mondiaux avec le Brésilien Nelson Piquet (1981, 1983). Devenu homme d'affaires, il s'est imposé comme le roi de la F1 en s'emparant des droits commerciaux de la discipline.

En 2000, il a encore accru son emprise sur la discipline en prolongeant de 100 ans le contrat de 15 ans qu'il avait négocié en 1995 avec son grand ami Max Mosley, alors président de la Fédération internationale de l'automobile (FIA) et connu pour avoir eu recours à des prostitués et au décorum nazi.

"L'Europe, c'est du passé"

Ce qui était reproché à Bernie Ecclestone. La justice allemande reproche à Bernie Ecclestone, 83 ans, d'avoir versé 44 millions de dollars de pots-de-vin en 2006 et 2007 au banquier de BayernLB Gerhard Gribkowsky pour permettre la vente des droits de la F1, détenus par la banque bavaroise, au fonds d'investissement CVC Capital Partners, qui avait ses faveurs. Mais Bernie Ecclestone a négocié avec le parquet un accord pour un paiement de 100 millions de dollars (74 millions d'euros) contre l'arrêt définitif de son procès.

Un "blanchiment judiciaire" polémique. La loi allemande prévoit la possibilité d'un abandon des poursuites contre le paiement d'une somme d'argent, y compris après le début du procès. Mais la possibilité de ce type d'accord dans le procès Ecclestone a suscité la polémique, une grande partie des médias et plusieurs personnalités politiques s'étonnant de l'existence de cette forme de "blanchiment judiciaire", selon l'expression du quotidien Süddeutsche Zeitung.

L'ex-ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger (parti libéral FDP), a par exemple plaidé en faveur d'une "réduction drastique" de ces négociations par la loi. "Quelle que soit sa situation financière et sa place dans la société, chacun doit rendre des comptes", a-t-elle insisté, au micro de la radio Deutschlandfunk.