Décès de l'ancien chef de la diplomatie allemande Genscher

Hans-Dietrich Genscher
Hans-Dietrich Genscher a succombé à un arrêt cardiaque © SWEN PFÖRTNER / DPA / AFP
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Hans-Dietrich Genscher, acteur de la réunification allemande en 1990, est mort à 89 ans, jeudi.

L'ancien ministre allemand des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher, qui joua un rôle clé dans la réunification de son pays en 1990, est décédé jeudi soir à l'âge de 89 ans, a annoncé son bureau vendredi. L'ex-responsable du parti libéral allemand et chef d'orchestre de la diplomatie allemande pendant près de vingt ans a succombé à un arrêt cardiaque, "entouré de sa famille", dans sa maison de Wachtberg-Pech, ont précisé ses services dans un communiqué.

Ministre des Affaires étrangères pendant 18 ans. Apprenant la nouvelle en pleine conférence de presse, le porte-parole du gouvernement d'Angela Merkel s'est dit "bien trop petit" pour saluer ce "grand Européen et grand Allemand", qui a "influencé comme peu l'ont fait l'histoire de l'Allemagne". Tout au long de ses 18 ans (1974-1992) à la tête du ministère des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher s'est évertué à mettre en oeuvre l'"Ostpolitik", la politique de rapprochement avec l'Europe de l'Est communiste, refusant de diaboliser l'ennemi soviétique, négociant là où c'était possible avec pour objectif de désamorcer la Guerre froide et la course aux armements dans lesquelles les deux Allemagnes étaient en première ligne.

Visage de chien battu. Reconnaissant très tôt la chance que représentait la Perestroïka en URSS, il avait annoncé le 30 septembre 1989 à Prague, face à une foule en liesse, que les autorités tchèques laisseraient des centaines de réfugiés fuyant la RDA communiste se rendre en Allemagne de l'Ouest, marquant une première brèche dans le rideau de fer.

L'apogée de sa carrière est venu un an plus tard, en septembre 1990, avec le traité "deux plus quatre" qui libérait son pays de la tutelle des Américains, Soviétiques, Français et Britanniques imposée depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale. Quinze jours après ce Traité de Moscou, l'Allemagne était réunifiée.

Malgré son manque de charisme physique et son visage de chien battu caché derrière d'épaisses lunettes, il a longtemps été l'un des hommes les plus populaires dans son pays, incarnant une voix de la raison, plaidant inlassablement auprès de ses homologues occidentaux en faveur d'une politique de "détente active" à l'égard de Moscou.