De Blasio fait pencher New York à gauche

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avec Reuters , modifié à
PORTRAIT - Très ancré à gauche, cet anti-Bloomberg de 52 ans détonne par sa décontraction.

Le démocrate Bill de Blasio a remporté mercredi le scrutin et décroche le siège maire de New York. Une réussite qu'il doit partiellement à une famille multiraciale décontractée, largement mise en avant durant sa campagne. Résolument ancré à gauche, Bill de Blasio, 52 ans, marié à une Afro-américaine, se présente comme l'anti-Bloomberg, le maire milliardaire de New York qui dirige la ville d'une main de fer depuis 12 ans.

Résolument à gauche. Il veut augmenter les impôts des plus riches pour financer l'école maternelle pour tous dès 4 ans, dénonce les inégalités dans la ville de 8,3 millions d'habitants, les fouilles impromptues de piétons ("stop and frisk") de la police new-yorkaise qui ciblent surtout les jeunes noirs et latinos, et promet de construire des dizaines de milliers de logements sociaux pour la classe moyenne.

"Je suis un homme de gauche qui croit en l'intervention de l'État", confiait récemment ce géant ambitieux d'1m95, depuis trois ans médiateur élu de la ville, dont la mère était d'origine italienne et le père - qui s'est suicidé - d'origine allemande.

Sa force ? Son épouse. Sa campagne a été largement une affaire de famille, avec force interviews et photos, et mise en scène de ses deux enfants dans ses spots de campagne. Son épouse, Chirlane McCray, de six ans son aînée, est incontournable. Poétesse afro-américaine, militante de la première heure, ancienne lesbienne, elle l'accompagne sur le terrain, relit ses discours importants, participe à sa stratégie, figure sur ses tracts ou encore son site de campagne.

Son fils et sa coupe afro. Le couple fait de la politique depuis plus de 20 ans. "Nous avons toujours été partenaires dans les campagnes", a-t-elle récemment expliqué, évoquant comme modèles Bill et Hillary Clinton, une femme qu'elle admire énormément. Dante, leur fils métis de 16 ans, est le premier, début août, à vanter les mérites de son père dans un spot télévisé. Sa coupe afro fait merveille. New York découvre que de Blasio n'est pas, comme le dira sa fille Chiara, "un autre mec blanc ennuyeux".

Une petite danse très remarquée. Outsider dans la course à l'investiture démocrate, Bill de Blasio, ancien conseiller municipal de Brooklyn (2002 - 2009) et ancien directeur de campagne d'Hillary Clinton pour le sénat en 2000, décolle dans les sondages. Chiara de Blasio, étudiante de 18 ans, emboîte le pas à son frère dans un autre spot de campagne. Couronne de fleurs dans les cheveux, elle prend encore longuement la parole le soir où Bill de Blasio remporte les primaires démocrates le 11 septembre. Père, mère et enfants se livrent ce soir là à une petite danse très remarquée.

L’anti-Bloomberg. New York est massivement démocrate, multiraciale, à 33,3% blanche (hors hispaniques), 25,5% noire, 28,6% hispanique et 12,7% asiatique. Près de 20% de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté. Et après 12 ans d'un Bloomberg pro Wall Street, souvent perçu comme hautain, la décontraction des de Blasio, qui vivent à Brooklyn dans une maison sans prétention, semble avoir payé. D'autant que Joe Lhota, le républicain opposé à de Blasio, manque totalement de charisme.

Un manque de vision ferme ? Ses adversaires soulignent l'expérience limitée de Bill de Blasio pour diriger la plus grande ville américaine (300.000 personnes travaillent pour la mairie), et son discours parfois contradictoire. Michael Bloomberg a dénoncé son manque d'idées fortes, son "populisme" et sa campagne "raciste" pour avoir mis en avant sa famille multiraciale. Certains de ses anciens collaborateurs ont à l'inverse souligné son intelligence, son sens de l'écoute, ses talents de stratège et sa détermination. Mais à quoi croit-il vraiment ? Même certains de ses amis confiaient récemment au New York magazine qu'ils ne le savaient pas vraiment.

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