Colombie : où est Roméo Langlois ?

"Pas de certitude" sur le sort de Roméo Langlois.
"Pas de certitude" sur le sort de Roméo Langlois. © REUTERS
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avec agences , modifié à
Le journaliste français est vraisemblablement otage des Farc. Mais l'incertitude demeure.

Roméo Langlois, correspondant de France 24 en Colombie, a disparu samedi au milieu de combats impliquant les Farc. Europe1.fr fait le point sur cette disparition.

Un spécialiste des Farc

Qui est Roméo Langlois ? Ce jeune journaliste originaire de Toulouse, âgé de 35 ans,  exerce depuis environ dix ans en Colombie. "Nous étions arrivés ensemble en Colombie en tant qu'étudiants en 2000. Nous sommes devenus journalistes et avons travaillé ensemble. Il connaissait parfaitement les Farc et la Colombie, son pays d'adoption", a raconté lundi Pascale Mariani, ex-journaliste au Figaro et ancienne compagne du journaliste. Correspondant de France24, Roméo Langlois avait travaillé pour LeFigaro au début de sa carrière. Il "a réalisé de nombreux reportages d'investigation dans la région, et particulièrement sur la guérilla marxiste des Farc dont il est l'un des spécialistes", a fait savoir la direction de France24 après l'annonce de sa disparition. D'après la direction de la chaîne, le journaliste connaît bien le terrain et a beaucoup d'expérience.

Où et quand a-t-on perdu sa trace ? Le reporter accompagnait une brigade de l'armée dans le département du Caqueta, dans le sud du pays. Il s'agit d'une zone rurale appelée Union Peneya, dans la municipalité de Montañita. Le journaliste suivait les militaires dans le cadre d'un reportage sur la lutte contre le trafic de drogue et l'activité minière illégale. Mais, samedi, un accrochage avec les Farc a eu lieu. La patrouille avec laquelle  il se trouvait a été attaquée après que les militaires ont détruit cinq laboratoires de production de cocaïne, a précisé le ministre de la Défense colombien. Quatre militaires ont été tués au cours de l'assaut qui a fait huit blessés. Cinq soldats et Roméo Langlois ont alors été portés disparus mais les militaires ont finalement été retrouvés vivants.

Des effets personnels du journaliste retrouvés

Qu'est-il arrivé au journaliste ? "On a eu beaucoup de versions sur ce qui s'est passé, mais aussi très contradictoires", a déclaré un collègue de Roméo Langlois, le journaliste italien Simone Bruno, qui se trouvait avec lui pour réaliser ce reportage jusqu'à vendredi. Les caméras et les effets personnels perdus par le journaliste français au milieu des combats ont été remis à ce collègue. D'après des témoignages de militaires, relayés par le gouvernement colombien, le journaliste a été blessé par balles au bras gauche, au cours de l'accrochage. "Au milieu de toute cette tension, il a sûrement pris la décision de retirer son gilet, son casque, et de s'identifier comme civil", a encore spéculé le ministre de la Défense colombien, sans certitude pour l'instant.

Roméo Langlois est-il otage des Farc ? C'est vraisemblable "même si nous n'en avons pas une certitude absolue", a déclaré lundi à Bordeaux le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé. En Colombie, le ministre de la Défense a lancé, dès dimanche, un appel à la guérilla, l'invitant à préserver la vie du journaliste français, "si elle le détient". Mais le ministre colombien a concédé ne pas savoir  "avec certitude, pour le moment, ce qui lui est arrivé". "Quelle que soit l'organisation qui le détient, elle a le devoir de protéger sa vie", a-t-il déclaré un peu plus tard en précisant ne pas savoir qui pouvait détenir le journaliste.

"Contact permanent avec les autorités colombiennes"

Quelle est la position des Farc sur les enlèvements ? Le groupe rebelle fondé en 1964 pour défendre les petits paysans, s'était engagé, dans un communiqué diffusé le 26 février, à renoncer aux enlèvements de civils. La guérilla, qui compte encore 9.000 combattants, a en outre libéré début avril dix policiers et militaires. En dépit de leurs appels à la paix, les Farc continuent de s'opposer régulièrement sur les modalités d'un dialogue avec les autorités qui réclament en préalable l'arrêt des violences et la libération de toutes les personnes séquestrées.

Qui travaille sur ce dossier ? "Nous sommes en contact permanent avec les autorités colombiennes pour travailler à sa libération", a déclaré Alain Juppé lundi. "Le centre de crise du ministère des Affaires étrangères est mobilisé", a ajouté Alain Juppé.

Dans un communiqué diffusé dimanche à Paris la directrice des rédactions de l'Audiovisuel Extérieur de la France, Nahida Nakad a espéré que le journaliste était "sain et sauf." "Nous sommes en contact permanent avec sa famille. Toute la rédaction de France 24 se sent concernée et est de tout coeur avec elle", a-t-elle ajouté. Deux journalistes de France 24 ont, d'ailleurs, quitté Paris pour Bogota lundi afin de "recueillir le plus possible d'informations sur place".