Birmanie : premier accès humanitaire probablement jeudi dans l'État Rakhine

Depuis fin août, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui l'État Rakhine, situé dans l'est de la Birmanie.
Depuis fin août, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui l'État Rakhine, situé dans l'est de la Birmanie. © CHRISTOPHE ARCHAMBAULT/AFP
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avec AFP , modifié à
Depuis fin août, des centaines de milliers de Rohingyas ont fui l'État, où un premier accès humanitaire est attendu jeudi, selon un porte-parole de l'ONU. 

Un premier accès humanitaire dans l'État Rakhine en Birmanie, fui depuis août par des centaines de milliers de Rohingyas, est attendu jeudi, a déclaré mercredi le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

"Il y aura un voyage organisé par le gouvernement probablement demain (jeudi) vers Rakhine" avec des représentants d'agences de l'ONU. "C'est un premier pas (...) mais nous espérons surtout que c'est un premier pas vers un accès beaucoup plus libre et large dans la zone", a ajouté le porte-parole lors de son point-presse quotidien.

Un accès humanitaire réclamé depuis fin août. Présentes dans la capitale Rangoun, les organisations humanitaires de l'ONU avaient dû quitter cet été l'État Rakhine alors que l'armée birmane engageait des opérations militaires contre des rebelles Rohingyas. Ces opérations ont poussé plus de 410.000 membres de la minorité musulmane des Rohingyas à fuir vers le Bangladesh voisin. Depuis fin août, l'ONU réclamait un accès humanitaire à l'État Rakhine.

Les militaires, très critiqués pour leur bouclage médiatique de la campagne autour de la ville de Maungdaw, dans l'ouest de la Birmanie, ont organisé mercredi une visite éclair de quelques heures pour la presse dans le village hindou de Ye Baw Kyaw, dans la zone de Kha Maung Seik. La nouvelle visite prévue jeudi, organisée cette fois avec des représentants de l'ONU, surviendra le jour d'une nouvelle réunion à New York du Conseil de sécurité de l'ONU consacrée à la Birmanie.

L'ONU a demandé au gouvernement birman des "mesures immédiates". Le 13 septembre, le Conseil de sécurité de l'ONU avait réclamé à la Birmanie "des mesures immédiates" pour faire cesser une "violence excessive" dans l'ouest du pays contre les Rohingyas, à l'issue d'une réunion (à huis clos) sur l'exode de cette minorité et les violences exercées contre elle. Le Conseil avait aussi exhorté "le gouvernement birman à tenir ses engagements de faciliter l'aide humanitaire dans l'État Rakhine", une demande restée sans suite jusqu'à ce jour.

Aung San Suu Kyi, "prête" à organiser le retour des réfugiés. Jeudi, la réunion du Conseil de sécurité doit être publique et donner lieu à une intervention du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui connait bien l'État Rakhine pour y avoir été plusieurs fois sous ses précédentes fonctions de Haut commissaire aux réfugiés de l'ONU. Il y a une semaine, alors que son pays était accusé lors de l'Assemblée générale de l'ONU d'épuration ethnique, voire de génocide, selon le terme utilisé par le président français Emmanuel Macron, la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi était sortie de sa réserve pour se dire "prête" à organiser le retour des Rohingyas.

480.000 Rohingyas ont fui vers le Bangladesh

Les Rohingyas, plus grande population apatride au monde, sont traités comme des étrangers en Birmanie, un pays à plus de 90% bouddhiste. Depuis les violences de fin août, quelque 480.000 musulmans rohingyas ont gagné le Bangladesh, s'ajoutant à quelque 300.000 Rohingyas vivant déjà dans des camps de réfugiés miséreux et insalubres après avoir fui la Birmanie en raison de précédentes violences.