Au Brésil, les femmes en première ligne dans la lutte contre l'extrême droite

Une des nombreuses manifestations contre le candidat Jair Bolsonaro.
Une des nombreuses manifestations contre le candidat Jair Bolsonaro. © SERGIO LIMA / AFP
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Marie Naudascher, édité par Ugo Pascolo avec AFP
À une semaine du premier tour de l'élection présidentielle, les femmes sont descendues dans la rue pour protester contre le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro, en tête des intentions de vote. 
REPORTAGE

Elles ont pris les rênes de la contestation contre l'extrême droite. Au cri de "Non, pas lui !" [EleNao en portugais, ndlr], des dizaines, voire des centaines de milliers de Brésiliennes ont manifesté samedi contre le candidat d'extrême droite à la présidentielle Jair Bolsonaro, qui arrive en tête des intentions de vote à une semaine du premier tour. 

Soixante-deux villes et 500.000 personnes dans les rues, selon les organisateurs. Ce député de 63 ans, poignardé lors d'un bain de foule le 6 septembre dernier, est connu pour ses propos misogynes, homophobes, racistes et pro-armes à feu. L'ancien capitaine de l'armée a par exemple déclaré à une députée qu'elle ne "méritait pas" qu'il la viole ou déploré la longueur des congés maternité.

Partie des réseaux sociaux, la contestation contre le candidat a désormais gagné la rue. Les organisateurs ont estimé que 500.000 personnes avaient participé à ces manifestations, dans 62 villes différentes, selon le site d'informations G1, tandis que la Police militaire indiquait qu'elle ne fournirait aucun chiffre. "Ici, il y a des personnes blanches, noires, homosexuelles, des pères et des mères de famille, avec une grande diversité. Et ce type de politique (celle voulue par Bolsonaro) ne représente pas la culture brésilienne dans sa grande diversité", explique Beatriz Lorena, une enseignante de 33 ans qui a rejoint la foule massée sur la place Cinelandia et les rues adjacentes, dans le centre de Rio.

"Rien que de prononcer son nom, on a peur", lance Taïs, qui manifeste dans les rues de Sao Paulo. "Lorsqu'il dit qu'il veut mitrailler la favela, c'est de nous dont il parle. Et puis, j'ai peur car je suis lesbienne et qui lui est homophobe". "Quelqu'un qui défend la violence, le racisme ou dévalorise les femmes ne peut pas être président du Brésil", lance un peu plus loin Cristina, 56 ans, venue avec son mari. 

Encore de nombreux indécis. À quelques jours du scrutin, les indécis sont encore nombreux : dire non à Jair Bolsonaro, pour eux, ce n'est pas forcément voter pour le candidat du Parti des travailleurs (PT), Fernando Haddad, qui tente d'hériter des nombreux soutiens de Lula, dont la candidature a été invalidée. Mais pour Nilza, qui a connu la dictature, pas de doute possible, son vote ira au PT : "Seuls ceux qui ont connu cette période et se sont battus pour restaurer un état démocratique savent ce qu'a signifié la démocratie à partir de 1985", lance-t-elle.

Le "Trump brésilien". Avant même sa sortie de l'hôpital, samedi, Jair Bolsonaro a été à l'origine d'une nouvelle polémique : il a menacé vendredi soir de ne pas reconnaître le résultat des élections s'il n'était pas élu. "De ce que je vois dans la rue, je n'accepte(rai) pas un résultat aux élections qui soit différent de mon élection", a-t-il expliqué à la chaîvne Bandeirantes. "Un candidat qui fait une déclaration comme celle-ci dit clairement au pays qu'il a l'intention de mener un coup d'État contre notre démocratie", a estimé le candidat de centre gauche Ciro Gomes, troisième dans les sondages du premier tour.