Attentats de Paris : Pourquoi Molenbeek est un refuge de djihadistes ?

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M.D avec AFP , modifié à
FOCUS - C'est dans la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, qu'ont été arrêtées sept personnes en lien avec les attentats de Paris qui ont fait 129 morts vendredi.

Malgré les efforts pour éradiquer un phénomène qualifié de "gigantesque" par le Premier ministre Charles Michel, la Belgique s’est révélée être un refuge pour les djihadistes. C'est en particulier une commune de l'agglomération bruxelloise, Molenbeek-Saint-Jean, où ont été arrêtées sept personnes en lien avec les attaques de Paris et où vit une importante communauté musulmane, dont une minorité d'activistes radicaux, qui est plus que jamais dans l'oeil du cyclone.

Un quartier "apprécié" des djihadistes. Molenbeek est l'une des 19 communes de Bruxelles-Capitale, à forte population immigrée et au taux de chômage élevé. Depuis une vingtaine d'années, les auteurs de plusieurs attentats djihadistes ont séjourné dans ce quartier populaire de l’est de la capitale belge.

En effet, c'est à Molenbeek qu'avaient séjourné en 2001 les assassins du commandant Massoud, en Afghanistan, tout comme Hassan El Haski, condamné pour avoir été l'un des concepteurs des attentats de 2004 à Madrid (191 morts et 1.800 blessés), ou encore Mehdi Nemmouche, le principal suspect de l'attentat au Musée juif de Bruxelles en mai 2014.

L'auteur de l'attaque en août du Thalys Amsterdam-Paris, Ayoub El Khazzani, y avait séjourné chez sa soeur avant de prendre le train. Enfin, une cellule terroriste démantelée en janvier à Verviers avait également des attaches à Molenbeek.

Une commune qui offre un "anonymat facile". Dans les colonnes du quotidien belge La Dernière heure, Françoise Schepmans, la bourgmestre (la maire) de Molenbeek-Saint-Jean, n’est pas étonnée, mais défend sa ville. "Que des terroristes soient passés par Molenbeek, une commune faisant partie d'une capitale et donc où il existe un anonymat et beaucoup de passages, ne m'étonne pas vraiment", a-t-elle expliqué.

"Par contre que de jeunes Molenbeekois soient directement impliqués dans ces affaires de terrorisme, c'est très interpellant", a-t-elle ajouté, confiant qu’il était difficile pour elle de voir sa commune pointée du doigt par les médias français. "En fait, ce n'est qu'un seul quartier et quelques rues fréquentées de Molenbeek qui sont impactés par ce phénomène de radicalisme violent. Cela a commencé dans le centre et le quartier maritime de Molenbeek, mais cela ne veut pas dire que les radicaux n'habitent pas ailleurs".

A Molenbeek, qu'il y a un problème gigantesque. Le Premier ministre belge, Charles Michel, a quant à lui pointé la commune du doigt. "Je constate qu'il y a presque toujours un lien avec Molenbeek, qu'il y a un problème gigantesque. Les mois passés, beaucoup d'initiatives ont déjà été prises dans la lutte contre la radicalisation mais il faut aussi plus de répression", a-t-il reconnu dimanche à la télévision flamande VRT. "Nous allons travailler de manière intense avec les autorités locales. Le gouvernement fédéral est prêt à fournir plus de moyens pour améliorer la situation sur le terrain, dans tout le pays et dans les endroits où il y a des problèmes", a t-il promis.

Tout un pays qui est concerné. La Belgique, petit pays de 11 millions d'habitants, est aussi, en Europe, celui qui compte le plus grand nombre de volontaires partis combattre en Syrie ou en Irak, proportionnellement à sa population. Quelque 494 "djihadistes belges" ont été identifiés : 272 sont en Syrie ou en Irak, 75 sont présumés morts, 134 sont revenus et 13 sont en route, selon les services de la Sûreté. Malgré le renforcement de sa législation antiterroriste, le démantèlement de filières de recrutement et de cellules terroristes depuis les années 1990 et les condamnations qui ont suivi, le pays reste un havre relativement sûr pour les djihadistes.