Allemagne : Angela Merkel entame un quatrième mandat dans la douleur

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Angela Merkel pourrait entamer son dernier mandat à la tête de l'Allemagne (image d'illustration). © ODD ANDERSEN / AFP
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avec AFP , modifié à
Au terme d'une négociation de six mois, Angela Merkel va finalement être élue chancelière à la tête d'une coalition réunissant conservateurs (CDU/CSU) et sociaux-démocrates (SPD) formée dans la douleur.

La chancelière allemande Angela Merkel va enfin être reconduite mercredi dans ses fonctions, un quatrième mandat qu'elle attaque affaiblie et avec six mois de retard face aux défis populiste et de la réforme de l'UE.

La fin d'un processus d'une longueur inédite. Les députés élus le 24 septembre doivent l'élire chancelière en début de matinée. Puis elle prêtera serment, avant un premier Conseil des ministres de ce gouvernement rajeuni et quasiment paritaire vers 17 heures. La cérémonie marquera la fin d'un longue quête de majorité. Au final, c'est la coalition sortante et mal-aimée réunissant conservateurs (CDU/CSU) et sociaux-démocrates (SPD) qui est reconduite. Jamais depuis l'instauration de la démocratie, l'Allemagne n'avait eu besoin d'autant de temps pour se trouver un gouvernement.

Une opposition forte. Angela Merkel devra aussi diriger un pays profondément bouleversé par l'essor historique de l'extrême droite, le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) étant depuis les législatives la première force d'opposition du pays avec 92 députés. Ce mouvement a su capitaliser sur les déçus du centrisme de la chancelière et ceux outrés par sa décision en 2015 d'ouvrir le pays à des centaines de milliers de demandeurs d'asile.

Un dernier mandat pour Merkel ? Pour nombre d'observateurs, elle attaque donc probablement à 63 ans son dernier mandat. Et certains lui prédisent même une fin prématurée, Angela Merkel ayant été malmenée ces dernières années jusque dans ses rangs conservateurs. Le SPD a quant à lui prévu un bilan d'étape de la coalition dans 18 mois. "C'est tout a fait possible que cette coalition ne tienne pas quatre ans", résume sous couvert de l'anonymat un proche de la chancelière.

Redonner une "voix forte" à l'Allemagne dans l'EU. En Europe, Angela Merkel doit rassurer ses partenaires sur sa capacité à agir alors que l'Union européenne (UE) est ébranlée par le Brexit, le repli sur soi de certains membres et la popularité croissante des partis anti-système. La réforme de l'UE figure d'ailleurs en haut de la feuille de route du nouvel exécutif allemand. Angela Merkel, flanquée du nouveau ministre des Affaires étrangères, le social-démocrate Heiko Maas, a promis de se hâter pour redonner à l'Allemagne une "voix forte" en Europe.

Dans les prochains jours, elle ira à Paris pour discuter avec le président français Emmanuel Macron de ses propositions de réforme de l'UE, notamment la mise sur pied d'un budget dans la zone euro, accueilli avec peu d'enthousiasme par Berlin.

 

Une chancelière fragilisée

Trop d'ouverture aux migrants. En Allemagne, la stabilité rassurante longtemps incarnée par cette fille de pasteur a fini par se retourner en partie contre elle. Pour certains, elle a mis en danger le pays en l'ouvrant aux demandeurs d'asile musulmans, pour d'autres elle incarne l'immobilisme dans un monde en changement.

Face à la menace grandissante de l'AfD, Angela Merkel a dû donner des gages à l'aile la plus à droite de son parti, promettant de plafonner les arrivées de migrants et en accordant une place au gouvernement à son principal critique de la CDU, l'ambitieux Jens Spahn.

Être le gouvernement des "petites gens". Enfin, son gouvernement a promis d'être celui des "petites gens" et non celui des élites, selon le ministre désigné de l'Intérieur, Horst Seehofer. Il s'agira en particulier d'accompagner une population en perte de repères dans la mondialisation et la numérisation accélérée de l'économie, des facteurs de l'essor des extrêmes en Occident.