Affaire Barroso : la commission Juncker critiquée pour sa "mauvaise gestion"

La Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker est accusée de "mauvaise gestion".
La Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker est accusée de "mauvaise gestion". © AFP
  • Copié
avec AFP , modifié à
Employé par la banque Goldman Sachs en 2016, l'ancien président de la Commission européenne a rencontré l'un des vice-présidents de la Commission en 2017, en dépit d'un engagement qu'il avait pris. 

La Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker a été accusée par la médiatrice de l'UE de "mauvaise gestion" pour avoir fermé les yeux sur les activités de lobbying de son prédécesseur José Manuel Barroso.

Saisie de plusieurs plaintes, la médiatrice, Emily O'Reilly, est très sévère dans ses conclusions sur le cas Barroso, rendues publiques mercredi : "La réponse de la Commission aux recommandations et suggestions d'amélioration du Médiateur n'a pas été satisfaisante". "Le Médiateur clôt donc son enquête en confirmant sa constatation de mauvaise gestion", conclut Mme O'Reilly.

Un engagement par écrit pour ne pas faire de lobbying. Employé par la banque d'investissement Goldman Sachs en 2016, l'ancien président de la Commission européenne de 2004 à 2014 s'était engagé par écrit à ne pas faire de lobbying auprès de l'équipe dirigée par Jean-Claude Juncker. Or le Portugais a rencontré l'un des vice-présidents de la Commission, le Finlandais Jirki Kaitainen, le 25 octobre 2017 dans un hôtel près du siège de l'exécutif bruxellois.

Une "entrevue privée et personnelle". Chargé notamment des Investissements et de la Compétitivité, Jirki Katainen, ancien Premier ministre en Finlande, fait partie de la frange la plus libérale de la Commission et a été brièvement commissaire de José Manuel Barroso en 2014. "La rencontre a été enregistrée en tant que réunion avec la banque Goldman Sachs" et est donc "considérée comme une rencontre à des fins de lobbying", même si José Manuel Barroso et Jirki Katainen ont ensuite affirmé qu'il s'agissait d'une "entrevue privée et personnelle", a souligné Emily O'Reilly. "Le contenu de la réunion a également conduit à la conclusion que la réunion couvrait, au moins en partie, les questions de commerce et de défense", a-t-elle ajouté.

Juncker n'a pas donné suite. La médiatrice avait demandé à la Commission européenne de solliciter un avis du comité d'éthique et lui avait recommandé d'exiger formellement que son ancien président s'abstienne de faire du lobbying auprès de la Commission pendant un certain nombre d'années supplémentaires. Jean-Claude Juncker n'a pas donné suite, déplore Emily O'Reilly. La médiatrice a transmis ses conclusions au Parlement européen et demandé qu'une suite soit donnée à ses recommandations et suggestions d'amélioration du code de conduite imposé aux commissaires et aux anciens commissaires européens. Emily O'Reilly avait également été saisie de plaintes contre la très controversée décision de Jean-Claude Juncker de promouvoir en février son directeur de cabinet Martin Selmayr au poste stratégique de secrétaire général de la Commission européenne.