A Tottenham, haro sur la tolérance zéro

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et Amandine Alexandre à Tottenham , modifié à
REPORTAGE - Les habitants du quartier ravagé par les émeutes rejettent la ligne dure de Cameron.

Mardi, David Cameron s'est rendu, pour la première fois depuis le début des émeutes, à Tottenham. C'est là, dans le nord de Londres, que tout a débuté il y a dix jours.

Alors que les traces des événements sont encore visibles dans le quartier, le Premier ministre britannique y a rencontré, loin des caméras, une cinquantaine de familles ayant perdu leur logement au cours des émeutes.

"Faire la guerre aux gangs n'est pas la meilleure solution"

Les habitants de Tottenham rencontrés par la journaliste d'Europe 1 sont inquiets pour l'avenir. Et la ligne dure adoptée par David Cameron face aux émeutiers les laisse dubitatifs, à l'instar de Niché qui vit ici depuis 20 ans. Pour lui, qui travaille d'arrache-pied pour remettre en ordre son pub dévalisé et vandalisé pendant les émeutes, le discours sécuritaire de David Cameron n'est pas la bonne option : "je pense que faire la guerre aux gangs n'est pas la meilleure solution. Je pense que la meilleure solution c'est d'approcher ces jeunes, comprendre leur état d'esprit et, à partir de là, trouver une solution à l'amiable".

"Il n'y a rien pour les jeunes ici"

Terry, sans emploi, bénévole au centre aéré du quartier, pointe, lui aussi, le désoeuvrement des jeunes et rejette la tolérance zéro prônée par le chef du gouvernement : "il faut former les jeunes, leur donner des centres de loisirs, un endroit vers lequel ils puissent se tourner. Les jeunes n'ont pas d'horizon. Il n'y a rien pour eux. Ici, nous animons des jeux pour les enfants. Mais lorsque cet endroit est fermé, ils font des bêtises dans la rue. Les ados, c'est la même chose."

Devant les services jeunesse de la municipalité, une trentaine de manifestants sont venus faire passer le même message. Ils réclament la réouverture des huit centres de loisir fermés cette année pour cause de coupes budgétaires.