A Palmyre, l'EI épargne les ruines et s'acharne sur les sbires de Damas

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Des Syriens près des ruines de Palmyre (illustration) © AFP/JOSEPH EID
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Tombée aux mains des djihadistes, la cité antique a pour l'instant été épargnée. Mais l'EI massacre des habitants.

L'organisation Etat islamique semble pour l'instant épargner les ruines millénaires de Palmyre en Syrie. En revanche, le groupe extrémiste n'hésite pas à tuer des dizaines d'habitants après leur avancée fulgurante sur cette ville du centre du pays, le 16 mai.

Plus de 200 morts en dix jours.Au moins 217 personnes, dont des civils, ont été tuées en dix jours, affirme l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation proche des rebelles modérés. "Il y a bien eu des exécutions par l'Etat islamique", confirme Mohamed Taha, réfugié politique en France et archéologue activiste, qui évoque pour Europe 1 le chiffre de 290 morts dans la ville passée brutalement des mains du régime à celle du groupe terroriste.

L'OSDH a déclaré avoir des preuves de l'exécution de 67 civils, dont des enfants. La mort de ces habitants pacifiques contredit les affirmations de Damas, qui assurait avoir évacué les civils avant d'abandonner la ville aux djihadistes. "On n'a pas eu de confirmation pour les enfants", nuance Mohamed Taha. "En revanche, au moins quatre femmes ont été exécutées", confirme l'activiste, "mais les Palmyriens savaient qu'elles travaillent comme miliciennes pour le régime".

Une "épuration". L'organisation Etat islamique ne semble en effet pas choisir ses cibles au hasard, mais tue méthodiquement, selon le réfugié toujours en contact avec des personnes sur place. Parmi les victimes, on compte surtout "des combattants, des miliciens ou des espions du régime", assure le Syrien. "Les personnes exécutées étaient impliquées dans la mort de Palmyriens à cause du régime." Depuis la Turquie, un autre opposant cité par Le Monde parle "d'épuration" au sein de la population de Palmyre.

Les dirigeants djihadistes, soucieux de se faire accepter au sein de la population locale, ont "promis de ne pas s'attaquer au site archéologique et ni aux civils. Jusqu'à maintenant, on n'a pas vu le contraire", explique Mohamed Taha. Une stratégie qui a fonctionné dans d'autres villes de Syrie comme Raqqa, sous la coupe de l'EI depuis plus d'un an.