Greta Thunberg pendant son discours devant le Parlement européen, ce mercredi. 1:37
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Isabelle Ory, édité par Ugo Pascolo , modifié à
Invitée de la commission européenne à l'occasion de la présentation de la loi climat, Greta Thunberg a fustigé ce texte, qu'elle qualifie de "capitulation". Appelant à "mettre un terme" à l'urgence climatique, elle a également étrillé le "prétendu" leadership de Bruxelles pour défendre le climat. 

Elle est restée elle-même. Invitée exceptionnelle de la réunion hebdomadaire de la Commission européenne, à l’occasion de la présentation de la loi climat (voir encadré ci-dessous), Greta Thunberg ne s'est pas laissée impressionner. Devant les commissaires, elle a notamment fustigé l'objectif 2050 pour arriver à une neutralité carbone fixé par la loi. "Cette loi est une capitulation, car la nature ne négocie pas. Vous ne pouvez pas conclure un accord avec la physique, et nous ne vous laisserons pas capituler alors que notre futur est en jeu", a-t-elle notamment déclaré, avant de critiquer le "prétendu" leadership de Bruxelles pour défendre le climat.

La veille de la réunion, la jeune militante écologiste suédoise avait déjà co-signé une tribune, dans laquelle l'objectif 2050 visé par l'Union européenne, jugé bien trop long, était qualifié de "capitulation".

"Vous êtes ici à essayer de créer des lois et des politiques (...) en prétendant que vous pouvez être un leader en matière de climat, tout en continuant à construire et à subventionner de nouvelles infrastructures pour les combustibles fossiles", a-t-elle encore affirmé mercredi, debout face aux eurodéputées. "Il faut mettre un terme à cette situation".

Pas de loi climat sans Greta Thunberg

"J'ai essayé de lui expliquer que nous avions une approche différente, que nous visions la neutralité carbone en 2050 et que nous étions plus optimistes qu'elle à propos de l'émergence de nouvelles technologies qui pourront nous aider à atteindre nos objectifs", relate pour sa part, au micro d'Europe 1, Frans Timmermans, vice-président exécutif en charge du climat, qui a eu un échange avec la jeune militante.

Ce qui n'empêche pas ce dernier de faire preuve de philosophie face aux propos de l'activiste : "Ces points de vue différents ne doivent pas nous faire oublier que sans elle, et sa capacité à mobiliser des générations de jeunes à travers le monde, nous ne serions pas ici à discuter d'une loi climat européenne."

Que contient la loi climat de l'Union européenne ? 

La loi climat de l'Union européenne fixe comme "objectif contraignant" pour l'Union l'équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption (par des procédé de capture et séquestration) "en 2050 au plus tard", soit un solde "net" d'émissions "ramené à zéro".

La Commission se donne par ailleurs jusqu'à septembre pour proposer un chiffre qui viendra réviser l'objectif climat pour 2030, actuellement fixé à -40% par rapport au niveau de 1990, afin de le mettre en conformité avec la neutralité climatique. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a promis d'envisager une fourchette entre 50 et 55%.

Le projet de loi engage également la Commission à "évaluer, avant son adoption, tout projet de mesure ou de proposition législative au regard de l'objectif de neutralité climatique".

La loi prévoit aussi qu'en 2023, puis tous les cinq ans, la Commission évalue la cohérence des politiques nationales à la lumière de la neutralité climatique. En cas d'"incohérences", elle pourra faire des "recommandations".

La Commission propose enfin de se donner le droit, après 2030, tous les cinq ans jusqu'en 2050, de revoir les objectifs pour ajuster la trajectoire vers la neutralité climatique. Cette procédure, au travers d'"actes délégués", ne laisserait au Parlement européen, et aux Etats membres jusque là en charge, que la possibilité de s'opposer par majorité qualifiée, sans amendement possible. Un point qui devrait rencontrer de la résistance du côté des États membres et du Parlement.