Vu d'Allemagne, le cas Hollande divise

Le ministre allemand des Affaires étrangères appelle la chancelière à de la retenue vis à vis de François Hollande.
Le ministre allemand des Affaires étrangères appelle la chancelière à de la retenue vis à vis de François Hollande. © REUTERS
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Le ministre allemand des Affaires étrangères appelle la chancelière à la retenue.

Angela Merkel fera-t-elle deux fois la même erreur ? C'est la question que se posent ses partenaires politiques en Allemagne. Alors que la chancelière avait déjà été critiquée pour avoir tenté de faire capoter la candidature de Barack Obama en 2008, elle est soupçonnée d'avoir lancé un front "anti-Hollande" avec d'autres chefs de gouvernement conservateurs européens. La polémique divise la coalition gouvernementale outre-Rhin.

Un "boycott" qui pourrait "nuire aux intérêts de l'Allemagne"

Guido Westerwelle, le ministre FDP des Affaires étrangères, s'est d'ores et déjà inquiété des conséquences d'un "boycott" de François Hollande sur les relations avec la France. Le parti libéral FPD reproche ainsi à Angela Merkel "de nuire aux intérêts de l'Allemagne", explique le Süddeutsche Zeitung.

"J'appelle tous les partis allemands à la retenue. Le débat politique allemand ne doit pas se déplacer vers la France. Le gouvernement ne fait, en tout état de cause, pas partie de la campagne électorale française", fait valoir Guido Westerwelle dans les colonnes du Welt am Sonntag. "Nous travaillons en parfaite entente avec le gouvernement français actuel, mais il en fait aucun doute que l'Allemagne travaillera parfaitement avec n'importe quel gouvernement que le peuple français aura choisi", poursuit le ministre.

Angela Merkel, la patronne de la CDU, pas la chancelière

L'annonce du soutien d'Angela Merkel à Nicolas Sarkozy avait déjà provoqué de vives critiques, rappelle le Süddeutsche Zeitung. Le SPD et les Verts avaient reproché à la chancelière de s'immiscer dans la campagne française. Une accusation balayée par le gouvernement : Angela Merkel s'investit en tant que chef de file de la CDU et non pas en tant que chancelière.

La prise de position d'Angela Merkel est "extrêmement inhabituelle", note toutefois le Spiegel. L'ingérence dans les affaires intérieures d'autres Etats est généralement perçue comme un acte désobligeant et jusqu'à présent, la France et l'Allemagne respectaient la règle tacite du "chacun chez soi". "En soutenant Nicolas Sarkozy, Angela Merkel a brisé la tradition. Le danger est désormais que, si  l'issue du vote en avril n'est pas celui qu'elle a prévu, quelques difficultés diplomatiques risquent de poindre", analyse le magazine.