Voyager, casse-tête pour les séropositifs

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Charles Carrasco avec AFP , modifié à
46 pays dans le monde possèdent encore des mesures restrictives d'entrée sur leur territoire.

Le statut des personnes séropositives évolue très lentement mais il progresse. Dimanche, lors de l'ouverture de la 19e conférence sur le sida de Washington, la Corée du Sud a fait part de son intention de supprimer les mesures qui empêchent, encore aujourd'hui, les séropositifs de voyager, comme le rapporte le journal La Croix mardi.

Près de 46 pays ont encore des règlementations très strictes sur l'entrée des séropositifs sur leur territoire.

Levi Strauss, Coca, H&M s'engagent

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Cette annonce de la Corée du sud fait suite à la demande des patrons d'une vingtaine de multinationales qui ont appelé tous les pays du monde à lever leurs restrictions de voyage. Dans un communiqué, ces chefs d'entreprise jugent ces mesures à la fois discriminatoires et néfastes pour la conduite de leurs affaires.

"Dans le paysage concurrentiel actuel, où les voyages d'affaires à travers le monde sont capitaux, nous devons pouvoir envoyer nos talents partout où on a besoin d'eux", a lancé le patron des jeans Levi Strauss, Chip Bergh. "Nous appelons tous les pays ayant encore ce genre de restrictions à les lever immédiatement". D'autres entreprises, telles que H&M, Gap, Coca Cola, Merck ou Bristol-Myers Squibb, ont pris part à cette campagne.

Elles "violent les normes internationales"

Cet appel a été relayé avec force par une partie des 25.000 participants de cette conférence. "Il n'existe aucune preuve que ce genre de restrictions aide à protéger la santé publique", a relevé Michel Sidibe, directeur exécutif d'Onusida, qui suit les pays imposant ce type de restrictions.

Ces mesures "sont discriminatoires et violent les normes internationales des droits de l'homme. Les gens vivant avec le VIH doivent avoir un accès égal aux opportunités et à la liberté de mouvement dans le monde d'aujourd'hui", a-t-il martelé.

5 pays refusent de délivrer des visas

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Sur une liste mise à jour en 2011 et publiée sur son site internet, l'Onusida cite cinq pays -Egypte, Irak, Qatar, Singapour, Iles Turques-et-Caïques (un archipel des Antilles)- qui refusent de délivrer des visas aux personnes atteintes du VIH, "y compris pour de courts séjours". 46 pays imposent toujours des restrictions de différentes formes sur l'entrée, la durée de séjour ou le droit de résidence des séropositifs. C'est le cas de la Russie ou d'Israël.

En fonction des états, les discriminations à l'encontre des séropositifs sont variables. Elles vont de l'interdiction de travailler, à la mention de leur statut VIH dans les documents d'immigration. Ainsi, pour certaines demandes de visa, un test de dépistage peut être exigé. En cas de test positif, l'accès au territoire peut être refusé. Lorsqu'un séropositif emmène un traitement avec lui, il est souvent obliger de le déclarer. Du coup, certaines personnes sont obligées de ne pas préciser leur séropositivité dans les formulaires.

>> Pour avoir plus de détails sur les restrictions, cliquez ici.

"Les personnes qui veulent s'y rendre sont le plus souvent obligées de mentir sur leur statut sérologique", confirme Deborah Glejser, porte-parole du groupe sida Genève, une association suisse, interrogée par La Croix. "Et sur un plan symbolique, c'est terrible. C'est accréditer l'idée que le sida c'est l'étranger", a-t-elle déploré.

Obama a levé les restrictions

A l'inverse, beaucoup d'autres pays ont avancé sur cette question. Le plus symbolique est les Etats-Unis qui ont levé leurs restrictions il y a deux ans à l'initiative du président Barack Obama. D'autres ont suivi l'exemple : l'Arménie en juillet 2001, les Fidji en février 2010 et la Moldavie en juin 2011. 

Bruno s'est senti humilié lors de son voyage aux États-Unis (reportage Europe 1 en 2010) :

"C'est extrêmement humiliant"par Europe1fr