Un député britannique accusé de viol

Nigel Evans ne pourra sans doute pas conserver son siège de vice-président de la Chambres des communes.
Nigel Evans ne pourra sans doute pas conserver son siège de vice-président de la Chambres des communes. © REUTERS
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Rémi Duchemin, C.C. avec Amandine Alexandre, en Angleterre, et AFP , modifié à
Le conservateur Nigel Evans, vice-président de la Chambre des Communes, nie les faits.

La phrase. "Un homme de 55 ans originaire de Pendleton dans le Lancashire a été arrêté aujourd'hui, samedi 4 mai, par la police du Lancashire sur des soupçons de viol et d'agression sexuelle". Le communiqué de la police britannique aurait presque pu passer inaperçu si la presse n’avait révélé l’identité de l’homme en question. Il s’agit de Nigel Evans, député conservateur et vice-président de la Chambre des Communes. Il a été arrêté samedi par la police dans le cadre de cette affaire, avant d'être libéré sous caution dans la soirée. Les agressions présumées contre deux hommes d'une vingtaine d'années auraient eu lieu à Pendleton, entre 2009 et 2013.

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© Reuters

Les dénégations. C'est dans l'arrière cour de son pub favori que le député conservateur a choisi de s'adresser à la presse. Depuis dimanche matin, les photos s'étalaient à la "Une" des journaux. Nigel Evans aurait d'abord tenté d'échapper aux journalistes mais il a finalement pris la parole dans sa circonscription. Nigel Evans s'est expliqué brièvement devant les caméras pour récuser les accusations portées contre lui. "J'ai été interrogé par la police au sujet de deux plaintes posées par deux personnes qui se connaissent et que je considérais comme des amis. Les griefs sont absolument faux et je ne comprends pas qu'ils aient été faits, d'autant plus que je fréquentais, à titre amical, pas plus tard encore que la semaine dernière, l'un des deux" accusateurs, a déclaré le député à la presse. "Je voudrais remercier mes collègues, amis et membres du public qui m'ont témoigné  leur soutien et ont fait part, comme moi, de leur incrédulité", a ajouté le député de 55 ans, qui avait publiquement révélé son homosexualité en 2010, expliquant qu'il était "fatigué de vivre dans le mensonge".

Le soutien du gouvernement... Le député a reçu le soutien des militants de sa circonscription. Nigel Evans est un Tory, comme le Premier ministre David Cameron et la plupart des membres du gouvernement, qui ne l’ont pas oublié. Dimanche, le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a déclaré sur la BBC que Nigel Evans était "un membre populaire et respecté du parlement", se refusant à faire plus de commentaires sur une enquête en cours.  Le ministre de la Défense, le conservateur Philip Hammond, s'est lui dit "choqué" par les allégations. "Je connais bien Nigel. Je suis évidemment aussi choqué que n'importe qui d'autres", a-t-il déclaré sur la BBC.

…Mais une position intenable. Le même Philipp Hammond s’est aussi interrogé sur la possibilité pour le vice-président de la chambre basse du parlement de se maintenir à son poste. "Nous devons considérer comme innocente toute personne tant qu'elle n'a pas été prouvée coupable, mais il est très difficile de conserver un rôle sensible et de premier plan" quand on est sous le coup d'une telle enquête, a-t-il jugé.

Un contexte sensible. Cette nouvelle affaire intervient alors que le Royaume-Uni est secoué par une série de scandales sexuels, notamment une enquête sur de nombreuses agressions présumées commises par un ancien présentateur vedette de la BBC, Jimmy Savile, décédé en 2011. Le retentissant scandale Savile, qui a éclaté l'an dernier, a donné lieu à un déballage d'affaires comparables. Il a conduit à l'inculpation de nombreuses célébrités du show business poursuivies pour des faits remontant souvent aux années 60, 70 et 80.