Transparence : les autres font-ils mieux ?

Aux Etats-Unis, les ministres sont soumis à une enquête minutieuse et à une audition au Congrès avant de pouvoir prendre leur poste.
Aux Etats-Unis, les ministres sont soumis à une enquête minutieuse et à une audition au Congrès avant de pouvoir prendre leur poste. © REUTERS
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En Europe du Nord ou aux États-Unis, les ministres sont soumis à un contrôle précis.

L’affaire Cahuzac aurait-elle pu éclater ailleurs qu’en France ? Face à d’autres pays, l’Hexagone ferait presque figure de dernier de la classe en matière de transparence de la vie politique. Une semaine après les aveux de Jérôme Cahuzac, l’ex-ministre du Budget, sur son compte non déclaré à l’étranger, François Hollande a annoncé mercredi de nouvelles règles visant à moraliser la vie politique. Suffisant pour rattraper notre retard ?

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C’est peut-être aux États-Unis que la logique est poussée le plus loin. Tous les candidats à un poste au gouvernement y sont en effet soumis à une enquête approfondie et à une approbation parlementaire. Ceux qui voulaient rejoindre l’administration Obama en 2009 ont dû remplir un questionnaire ultra-détaillé de 60 pages. Outre-Atlantique, il ne s’agit pas seulement de vérifier la probité de l’aspirant ministre, mais bien d’éviter a posteriori à la Maison-Blanche des scandales embarrassants.

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Tout y passe : le patrimoine, les antécédents professionnels, mais aussi les moindres recoins de la vie privée. Un diplomate a même eu la surprise d’apprendre que les enquêteurs étaient allés jusqu’à interroger sa petite amie du lycée, raconte Libération.

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S’il survit à cette étape et se retrouve nommé par le président, le candidat est la cible des investigations du FBI, ainsi que l'objet d’une autre enquête, menée par les membres du Congrès. Au programme : des audiences parlementaires sous serment avant de voir sa nomination enfin validée.

Ce processus n’a rien d’un contrôle de routine : plusieurs ministres potentiels n’y ont pas survécu. Au tout début de l’administration Obama, l’ancien sénateur Tom Daschle en a ainsi fait l’amère expérience. En délicatesse avec le fisc, il avait dû renoncer au ministère de la Santé. Une affaire qui avait terni les débuts de la présidence, et qui avait inspiré ces mots à Barack Obama : "j’ai merdé".

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Les États-Unis ne sont pas les seuls à passer leurs ministres au crible. Dans le nord de l’Europe, les personnalités politiques ont aussi l’obligation de déclarer leur patrimoine. Les informations sont accessibles à tous et gare au ministre qui ne jouerait pas le jeu. En Suède, le "scandale Toblerone" en atteste : en 1995, Mona Sahlin, numéro deux du gouvernement, avait été contrainte de démissionner. Son tort : avoir réglé pour 5.000 euros de dépenses personnelles, parmi lesquelles des barres chocolatées, avec sa carte bancaire de fonction.

suède mona sahin bandeau REUTERS

L’Allemagne, la Finlande ou encore la Grande-Bretagne font aussi figure de bons élèves, note l’ONG Transparency International. En Allemagne, les députés doivent par exemple déclarer toutes les activités rémunérées effectuées en plus de leur mandat, si ces revenus sont supérieurs à 1.000 euros par mois ou 10.000 euros par an. Les déclarations sont consultables sur Internet et, en cas de violation du règlement, les élus s’exposent à de lourdes sanctions financières allant jusqu’à la moitié de leur salaire annuel de député.

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Les membres du gouvernement ne sont en revanche pas obligés de publier leur patrimoine. Ce qui n’a pas empêché l’ex-président allemand, Christian Wulff, soupçonné d’avoir bénéficié d’avantages sur un prêt immobilier, de démissionner en février 2012. Un comble pour celui qui avait, alors qu’il était gouverneur de Basse-Saxe, mis l’accent sur la lutte contre la corruption.