Texas : un attardé mental exécuté

Il a été déclaré mort par injection létale à 18h27, selon les autorités pénitentiaires de cet Etat du sud des Etats-Unis.
Il a été déclaré mort par injection létale à 18h27, selon les autorités pénitentiaires de cet Etat du sud des Etats-Unis. © Reuters
  • Copié
Charles Carrasco avec AFP , modifié à
Un détenu, ayant une déficience mentale, a été exécuté par injection létale aux Etats-Unis.

Il s'appelle Marvin Wilson. Cet Afro-américain de 54 ans, condamné pour meurtre en 1998, a été exécuté mardi au Texas en dépit du fait qu'il ait été diagnostiqué comme attardé mental.

Après 18 mois dans le couloir de la mort, cet homme, qui avait été condamné pour le meurtre d'un informateur de la police commis en 1992, a été déclaré mort par injection létale à 18h27, selon les autorités pénitentiaires de cet Etat du sud des Etats-Unis. Dans l'après-midi, la Cour suprême avait rejeté un dernier recours de ses avocats.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme se sont élevées contre cette exécution. Parmi elles, Amnesty International a jugé "particulièrement dérangeante" la décision de la Cour suprême de ne pas surseoir à cette exécution.

"Des critères non scientifiques"

marvin wilson 930

© Texas Criminal police Dpt

En 2004, avec un quotient intellectuel de 61 -très en-deça de la moyenne pour son âge-, Marvin Wilson avait été diagnostiqué comme attardé mental léger selon des critères déterminés par l'American Association of Intellectual and Developmental Disabilities (AAIDD).

"Nous sommes profondément déçus et attristés que la Cour suprême ait refusé d'intervenir pour empêcher cette exécution", a réagi dans un communiqué l'avocat du détenu, Lee Kovarsky. "C'est scandaleux que l'Etat du Texas continue d'utiliser des critères non scientifiques (...) pour déterminer quels citoyens ayant un handicap intellectuel doivent être exemptés d'une exécution", a-t-il ajouté.

"Ramène-moi à la maison"

Avant son exécution, Marvin Wilson s'est adressé aux membres de sa famille, leur assurant qu'il les aimait. "Ramène-moi à la maison, Jésus, ramène-moi à la maison, Seigneur", a-t-il également déclaré, selon des propos rapportés par un porte-parole des services pénitentiaires du Texas.

Puis, s'adressant à nouveau à sa famille, il a conclu : "Je vous aime tous. Je suis prêt".

Chaque Etat fixe le handicap

En 2002, la Cour suprême des Etats-Unis a interdit l'exécution de condamnés attardés mentaux car leur handicap "ferait courir le risque d'une exécution arbitraire". Mais la Cour, dans l'arrêt "Atkins vs. Virginia", n'a pas donné de définition précise du retard mental, laissant chaque Etat fixer les conditions requises pour déterminer ce type de handicap. Et selon les critères en vigueur au Texas, Marvin Wilson ne souffrait pas handicap mental.

Cette absence de critères clairs fait polémique :

Le 18 juillet déjà, Yokamon Hearn, un Noir américain de 34 ans, avait été exécuté au Texas, en dépit de preuves de troubles mentaux depuis son enfance et de nombreuses protestations. Le 23 juillet en revanche, l'exécution d'un condamné à mort souffrant lui aussi de troubles mentaux avait été suspendue en Géorgie, à deux heures de l'horaire fatal, en raison d'un changement de procédure d'injection létale.

25e détenu exécuté

La France a condamné mercredi cette exécution qui, selon le porte parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, "est contraire aux garanties internationalement reconnues pour la protection des droits des personnes passibles de la peine de mort, dont le principe de non-application de la peine capitale aux personnes souffrant de troubles mentaux".

"La France réaffirme son opposition à la peine de mort partout dans le monde et en toute circonstance. L'abolition de la peine de mort est essentielle à la protection de la dignité humaine", a-t-il ajouté.

Il s'agit du 25e détenu exécuté cette année aux Etats-Unis, et le septième au Texas.