Syrie : un journaliste français tué à Homs

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avec agences , modifié à
Une reporter américaine a aussi été tuée lors de bombardements à Homs.

Le photojournaliste français Rémi Ochlik et la reporter américaine Marie Colvin ont été tués mercredi lors de bombardements à Homs, en Syrie. L'information, révélée par le groupe d'opposition Réseau syrien pour les droits de l'homme, a depuis été confirmée de source officielle en France, à la sortie du Conseil des ministres. Nicolas Sarkozy lui-même a réagi à cette information en déclarant : ""ça montre que maintenant ça suffit, ce régime doit partir, il n'y a aucune raison que les Syriens n'aient pas le droit de vivre leur vie, de choisir leur destin librement".

"C'est absolument bouleversant"

En rendant compte des travaux du Conseil devant la presse, la porte-parole du gouvernement, Valérie Pécresse, a confirmé les identités données un peu plus tôt devant les caméras par le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand."Il y a eu 106 journalistes tués cette année, et là, une Américaine Mary Colvin et Rémi Ochlik, 28 ans, tué à Homs alors qu'il faisait son métier de reporter photographe. C'est absolument bouleversant", a réagi Frédéric Mitterrand.

François Hollande a quant à lui déclaré : "Cette disparition me touche d'autant plus que Rémi Ochlik, qui était accrédité auprès de la campagne, était encore parmi nous il y a quelques jours", Le candidat socialiste a fait part de sa "très grande émotion".

"Le président de la République nous a fait la triste annonce, qui a l'air de se confirmer, de la mort de deux journalistes et notamment d'un journaliste français à Homs et il a demandé à la porte-parole du gouvernement de présenter les condoléances aux familles des deux journalistes", a dit de son côté la ministre de l'Ecologie Nathalie Kosciusko-Morizet, à la sortie du Conseil des ministres. 

Un peu plus tôt, Omar Chaker, militant syrien d'opposition à Baba Amr, avait indiqué : "deux journalistes ont été tués quand les bombardements ont visé notre centre de presse dans le quartier de Baba Amr. Trois ou quatre autres journalistes étrangers ont été blessés". Philippe Gélie, chef du service étranger du Figaro, a annoncé qu'Edith Bouvier, 31 ans, reporter du quotidien, figurait parmi les journalistes blessés.

Un témoin a indiqué qu'un obus a frappé la maison dans laquelle les deux journalistes se trouvaient et qu'ils ont ensuite été touchés par une roquette au moment où ils s'enfuyaient.  Les deux journalistes tués "ont en plus été poursuivis alors qu'ils essayaient d'échapper aux bombardements", a précisé Frédéric Mitterrand.

Lauréat du World Press Photo

Rémi Ochlik est né dans l'est de la France en 1983. Sur son site, on peut voir les images qu'il avait rapportées en 2011 de Tunisie et de Libye, un travail pour lequel il venait de recevoir le World Press Photo.

Dans sa courte biographie, on apprend également que le premier conflit qu'il a couvert, à l'âge de 20 ans, était la chute du président haïtien Jean-Bertrand Aristide. Il travaillait pour plusieurs médias après avoir fondé sa propre agence de photo.

Après Gilles Jacquier

Quant à Marie Colvin, elle était correspondante de guerre pour le Sunday Times et avait couvert de nombreux conflits en Yougoslavie, en Iran, au Sri Lanka. D'origine américaine, elle vivait à Londres.

Le 11 janvier, le reporter Gilles Jacquier avait été le premier journaliste occidental tué en Syrie depuis le début de la révolte populaire contre le régime de Bachar al-Assad il y a dix mois. Il a péri à Homs, épicentre de la contestation dans le centre de la Syrie, lors d'un voyage autorisé par les autorités qui restreignent drastiquement les mouvements des journalistes dans le pays.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, plus de 7.600 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences depuis mars 2011. Parmi les victimes figurent 5.542 civils, 1.692 soldats et membres des services de sécurité et près de 400 déserteurs.