Russie : polémique après des inondations

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Fabienne Cosnay avec Ksénia Bolchakova, correspondante d'Europe 1 à Moscou et AFP , modifié à
Les habitants des zones sinistrées n'ont pas été avertis de l'imminence du déluge.

Les autorités russes ont-elles été défaillantes ? La presse locale relève lundi l'incapacité du pays à en finir avec l'enchaînement des catastrophes, mettant en cause la négligence des autorités locales après la violente crue qui a fait au moins 171 morts à Krymsk, près de la mer Noire. Fait rare dans le pays, les journaux pro-gouvernementaux comme ceux de l'opposition sont unanimes pour blâmer les autorités locales.

"La tragédie de Krymsk (...) est la démonstration parfaite de ce à quoi peuvent mener la négligence et la vie au petit bonheur la chance", écrit lundi le quotidien pro-Kremlin Izvestia. "Pourquoi autant de morts ?" titre de son côté le quotidien pro-gouvernement Komsomolskaïa Pravda, tandis que Moskovski Komsomolets assène : "On aurait pu prévoir et éviter la catastrophe à Krymsk".

171 morts dans la catastrophe

Au total, 171 personnes ont péri dans la catastrophe, dont 159 pour la seule petite ville de Krymsk. Les 12 autres victimes ont été recensées dans la station balnéaire de Gelendjik et le port voisin de Novorossiisk, le plus important de la côte russe de la mer Noire.

Nombre d'habitants de la zone sinistrée ont affirmé n'avoir été avertis d'aucune manière avant le déferlement de la crue qui les a surpris dans leur sommeil en pleine nuit dans la nuit de vendredi à samedi. Un mur d'eau de sept mètres de haut qui a tout ravagé sur son passage.

Une enquête ouverte pour homicides par imprudence

Face à une foule en colère, le gouverneur de la région de Krasnodar, où se trouvent les zones sinistrées, a assuré dimanche que les autorités avaient fait tout leur possible. "C'est une catastrophe équivalente à un tremblement de terre... que peut-on faire ? L'homme ne peut ici rien faire, il n'a aucune possibilité", a estimé Alexandre Tkatchev.

russie photo dans papier

Lors d'une réunion de crise, Vladimir Poutine, qui s'est rendu sur place samedi soir, a interrogé dans le détail le chef du district de Krymsk sur l'heure à laquelle il avait reçu une alerte sur le risque de crue et sur la façon dont il l'avait retransmise à la population. "J'ai demandé au chef du comité d'enquête russe de venir ici, il va vérifier les actes de tous les responsables : comment est venue l'alerte, quand elle est venue, quand elle aurait pu venir, quand elle aurait dû venir et comment chacun a agi", a assuré le président russe.

Une enquête a été ouverte pour homicides par imprudence. Deux responsables du district russe de Krymsk ont été relevés de leurs fonctions lundi par le gouverneur de la région, devenant les premiers à être limogés à la suite du drame.

Le président russe a, au passage, promis des aides financières pour les maisons détruites et des indemnisations, notamment 2 millions de roubles, soit 50.000 euros, pour chaque famille de victime. En attendant, sur place, les habitants de Krymsk sont seuls pour déblayer les dégâts.