Nigeria : les lycéennes enlevées seront-elles bientôt libres ?

Les images des lycéennes enlevées à Chibok apparaissent sur une télévision nigériane
Les images des lycéennes enlevées à Chibok apparaissent sur une télévision nigériane © Reuters
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avec agences , modifié à
Un accord de cessez-le-feu aurait été conclu avec Boko Haram. 48 heures plus tard, de nombreux points font toujours douter de sa réalité.

Les lycéennes nigérianes seront-elles libérées d’ici mardi, comme le souhaite le gouvernement ? Au Nigeria, le doute plane toujours sur la réalité d’un accord de cessez-le-feu avec les islamistes de Boko Haram, annoncé par le gouvernement vendredi. Selon un porte-parole d’Abuja, les discussions pour libérer les quelque 200 lycéennes, enlevées dans la ville de Chibok au mois d’avril, se poursuivent au Tchad lundi.

Vendredi, le président français François Hollande avait affirmé avoir reçu des "informations" sur la libération des jeunes filles "dans les heures ou dans les jours qui suivent". Le Tchad, de son côté, a également confirmé par la voix de son ministère des Affaires étrangères qu’un accord prévoit "la libération par Boko Haram des jeunes filles enlevées à Chibok", en échange de la libération "de certains partisans de ce groupe, détenus dans les prisons nigérianes". Pour autant, d’autres éléments continuent de faire douter de l’aboutissement de négociations avec le groupe terroriste qui sévit dans le nord-est du Nigeria.

• Un week-end émaillé d’attaques

Nigeria

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"Nous avons tous entendu l’annonce d’un cessez-le-feu mais cela ne semble pas arrêter les insurgés", a témoigné dimanche Mallam Babagana, un habitant de la ville d’Abadam, dans le nord de l’Etat de Borno, fief de Boko Haram. Selon des témoins, des hommes du groupe armé ont attaqué cette localité jeudi et vendredi, tuant au moins 30 personnes. D’autres témoignages évoquent une attaque sur une route, qui a coûté la vie à huit personnes.

Comme l’explique l’AFP, la vérification de ces violences dans le nord-est du Nigeria est extrêmement complexe. En raison de l’état d’urgence qui y est instauré, les liaisons téléphoniques sont difficiles et les déplacements quasi-impossibles. De plus, les forces de sécurité du pays ont cessé toute communication à ce sujet.

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• Un négociateur inconnu

De nombreux experts du groupe armé ont également fait part de leur circonspection sur l’identité de l’homme chargé de négocier au nom de Boko Haram. Nnamdi Obasi, chercheur à l’International crisis group, a souligné qu’on "ne sait pas exactement qui est le négociateur de Boko Haram et s’il représente tout le groupe ou bien une seule partie".  "Danladi Ahmadu ne fait pas partie du commandement de Boko Haram et ne parle pas en leur nom autant que je sache", a renchérit dans un tweet Ahmad Salkida, un journaliste nigérian réputé pour avoir des contacts de haut niveau au sein de Boko Haram.

• Des échéances électorales

Force est de constater une concordance de calendrier troublante dans l’annonce du gouvernement nigérian. En février 2015, les citoyens nigérians se rendront aux urnes pour les élections générales. Goodluck Jonathan, le président à poigne, rejoue son siège dans ce scrutin pour lequel il devrait se représenter. Les questions de sécurité représentent un enjeu majeur de cette échéance électorale qui arrive à grands pas.

• Une habitude de fausses annonces

Petit coup d’œil dans le rétroviseur. Au mois de septembre, le gouvernement nigérian annonce la mort du chef de Boko Haram, Aboubakar Shekau. Il n’a fallu que quelques jours pour qu’une vidéo publiée le montre face caméra, narguant ostensiblement Abuja. Par deux fois auparavant, Aboubakar Shekau avait déjà été donné pour mort. "Ce genre d’annonce a déjà été faite de nombreuses fois", a réagit Shehu Sani, avocat et militant des droits de l’homme, impliqué dans de précédentes négociations.

Au sein même de l’administration nigériane, un porte-parole des services de sécurité avait affirmé vendredi que l’accord sur la libération des jeunes filles "n’a pas encore abouti, mais nous nous en rapprochons de plus en plus". Les médias occidentaux ont appris à se méfier des nouvelles données par le gouvernement. Boko Haram n’a d’ailleurs pas officiellement confirmé ce cessez-le-feu.