Liban : Hariri jette l'éponge

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Rédaction Europe1.fr , modifié à
Le premier ministre a renoncé à former un gouvernement d’union nationale devant l’opposition du camp mené par le Hezbollah.

Saad Hariri jette l’éponge, et les craintes d’une nouvelle crise politique ressurgissent au Liban. Le premier ministre du pays a annoncé jeudi qu'il renonçait à former un gouvernement d'union nationale. Le rejet de sa liste de ministres par le camp minoritaire, mené par le Hezbollah, est à l’origine de cette décision.

"J'ai travaillé pendant 73 jours pour former un gouvernement, mais à chaque fois, les rounds de négociations étaient entravés d'une manière ou d'une autre", a regretté Saad Hariri jeudi à la sortie d’une entrevue avec le président libanais. Il a estimé que le gouvernement qu'il avait proposé "était une véritable chance", mais que celle-ci avait "été gaspillée en raison des conditions posées" par la minorité.

Chef de file de la majorité parlementaire soutenue par l'Occident, Saad Hariri avait transmis lundi sa liste de ministres au président Sleimane pour approbation. Cette liste répartissait les portefeuilles entre les deux camps de la façon suivante : 15 ministres pour la majorité, 10 pour la minorité et 5 ministres "neutres" choisis par le président de la République.

La minorité avait approuvé ce principe de répartition, mais a bloqué les consultations en raison d’un désaccord sur les noms de certains ministres et la nature des portefeuilles qui lui étaient accordés, accusant Saad Hariri "d’imposer un gouvernement de facto" qui ne respectait pas l'esprit d'un gouvernement d'union.

Saad Hariri devrait être reconduit à son poste de premier ministre, estime vendredi la presse locale. Certains journaux jugent qu'Hariri manoeuvre pour être désigné avec de nouvelles conditions pour changer les règles du jeu et barrer la route aux tentatives de blocage. Une attitude dangereuse, selon les journaux proches de la minorité, pour qui la décision de Saad Hariri "ouvre la porte à une crise politique ouverte et des discours extrémistes à caractère confessionnel qui auraient un impact négatif" dans la rue.

En 2006, une crise politique sans précédent depuis la fin de la guerre civile (1975-1990) avait éclaté entre le camp soutenu par l’occident et celui soutenu par l’Iran et la Syrie, sur fond de partage du pouvoir. Elle avait atteint son paroxysme avec des affrontements sanglants en mai 2008, avant la signature de l'accord interlibanais de Doha, au Qatar.

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