Les talibans ouvrent une "antenne" à Doha

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et Walid Berrissoul, envoyé spécial à Doha et agences , modifié à
REPORTAGE - Cette sorte d'ambassade est destinée à faciliter le dialogue avec les Américains.

L’INFO. Après douze ans de conflit, les Etats-Unis et les talibans s’apprêtent à renouer le dialogue. Ces derniers viennent d’ouvrir un bureau à Doha, au Qatar, destiné à faciliter des négociations de paix avec Kaboul et l'annonce d'une prochaine rencontre entre talibans et représentants américains.

A deux pas des boîtes de nuit. C’est à cinq minutes des gratte-ciel futuristes et des boîtes de nuit des grands hôtels de Doha, que les talibans ont ouvert leur bureau, comme l’indique la plaque accrochée au mur du bâtiment. "Émirat islamique d’Afghanistan", peut-on également lire. Une sorte d’ambassade bis.

Les talibans avaient eu des contacts début 2012 avec les Américains, mais ils ont toujours refusé de participer à des négociations de paix tant qu'il resterait des soldats étrangers "envahisseurs" en Afghanistan. Mais en janvier 2012, ils s'étaient dits prêts à avoir un bureau politique hors du pays pour faciliter des pourparlers de paix.

La modernité oui, mais pas en Afghanistan. Mais l’ouverture d’une antenne diplomatique n’apportera pas de solution miracle. Les négociations entre talibans et américains s’annoncent ardues. "Les Américains n’ont jamais réussi à nous battre, nous les talibans", souligne Souahil, devant le bureau qui vient d’ouvrir, au micro d’Europe 1. "Nous sommes plus puissants aujourd’hui qu’il y a dix ans. C’est un fait. Les Américains l’ont reconnu. Alors ont a ouvert ce bureau et on va parler avec eux", ajoute-t-il.

Cet homme, qui vit à Doha depuis trois ans, après être passé par New York, apprécie la modernité qu’offre le Qatar. Mais hors de question, selon lui, d’exporter ce mode de vie dans son pays. "Ça c’est de la propagande. On n’accepte pas cette propagande", conclut-il.

Le "début d'un parcours très difficile". Les positions de Kaboul et de ses alliés occidentaux, d'une part, et celles des talibans, d'autre part, restent en grande partie incompatibles, notamment sur le futur régime afghan et sur la présence militaire américaine après 2014. "Les États-Unis auront une rencontre officielle, la première depuis des années, avec les talibans dans quelques jours à Doha", a annoncé un responsable américain à Washington, admettant que cette réunion marquerait le "début d'un parcours très difficile".

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a salué l’ouverture du bureau en évoquant une "bonne nouvelle", également applaudie par le Pakistan, qui s'est aussi félicité du "début de pourparlers de paix directs entre les Etats-Unis et les talibans".

La question des dirigeants talibans détenus à Guantanamo "sera parmi les principaux dossiers à discuter en vue d'un règlement", a indiqué un porte-parole des talibans à Doha, Mohamed Naïm. Le président afghan Hamid Karzaï a également annoncé qu'il enverrait au Qatar des émissaires du Haut Conseil pour la paix (HCP), une instance qu'il a créée pour tenter de négocier avec les insurgés.