Le faussaire en grands crus reconnu coupable

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et Géraldine Woessner
LA FIN DE L'HISTOIRE - Rudy Kurniawan a été reconnu coupable de contrefaçon de vins rare. Il risque 40 ans de prison.

"Cette affaire est une affaire de mensonges et de cupidité". Rudy Kurniawan a été reconnu coupable de contrefaçon de vins rares par le tribunal de Manhattan. Pendant dix ans, ce faussaire, admiré comme l'un des plus grands experts de vins au monde, a inondé le marché de bouteilles falsifiées, qu'il vendait pour des dizaines de millions de dollars. Il risque désormais un maximum de quarante ans de prison. Une décision de justice qu'espérait Laurent Ponsot depuis plus de cinq ans.

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Des dates qui ne correspondent pas. En 2008, c'est Laurent Ponsot, vigneron français, qui a démasqué Rudy Kurniawan, lors d'une vente aux enchères des bouteilles de son domaine, en Bourgogne. En lisant la présentation des flacons proposés à la vente, Laurent Ponsot s'aperçoit que les dates ne correspondent pas. La maison de vente aux enchères new-yorkaise propose en effet des bouteilles de son domaine datant des années 40. Sauf que la production de son vin a débuté en 1982. Il parvient donc à faire annuler la vente aux enchères et engage des poursuites judiciaires.

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© Europe1/Pierre de Cossette

Un escroc qui agit sous neuf identités. Les enquêteurs remontent alors la piste d'un certain Rudy Kurniawan, un collectionneur de vins, qui se prétend le descendant d'une riche famille indonésienne. Ils mettent au jour une vaste mascarade, car l’individu est un escroc, qui agit sous neuf identités différentes. Rapidement démasqué, le faussaire est interpellé par le FBI. Les enquêteurs trouveront notamment à son domicile des recettes pour fabriquer des grands crus en mélangeant des vins entre eux.

"Sa culpabilité ne faisait aucun doute". Pourtant, jusqu'au bout, Rudy Kurniawan a nié les faits. Le jury, lui, a tranché en à peine deux heures. Il faut dire que durant le procès, l'accusation a cité une quinzaine de témoins, dont plusieurs experts en vins et trois vignerons de grands crus de Bourgogne français, victimes de l'Indonésien. "On a trouvé chez lui tout un tas de preuve : les étiquettes, les tampons, les capsules, la cire, etc. Sa culpabilité ne faisait aucun doute", rappelle Laurent Ponsot, l'une des victimes, interrogée par Europe 1.

"Je me sens très satisfait, mais pas très heureux, parce qu'on ne peut pas être très heureux que le vin ait été sali. Je suis satisfait qu'il ait été nettoyé", a-t-il encore réagi. Cette fois, le vigneron espère que le message est passé. "Les vieilles bouteilles n'existent pas. On va aujourd'hui comprendre, qu'on ne pourra plus, malheureusement, boire une Romanée-Conti de 1945. Ce que j'attendais c'est que l'on puisse mettre en garde les acheteurs et les faussaires en herbe, pour leur dire que s'ils jouent à ça, ils risquent gros", prévient Laurent Ponsot.

D'autres faussaires bientôt jugés ? Pour sa part, Rudy Kurniawan, qui est resté de marbre à l'énoncé du verdict, encourt une amende et d'une peine maximale de 40 ans de prison. Sa sentence sera fixée le 24 avril. D'ici là, l'enquête se poursuit pour démasquer des complices éventuels. Et d'autres enquêtes pourraient bientôt s'ouvrir. Laurent Ponsot pense en effet avoir débusqué au moins cinq autres faussaires en remontant la piste de l'escroc prodigue.